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Espagne - Avila la ceinturée



Avila la belle... Cette cité remarquablement perchée à plus de 1100 mètres d'altitude sur le haut plateau castillan est réputée pour son incroyable muraille millénaire, en parfait état, qui l'entoure. Les 2500 mètres de ces remparts, où chaque pierre est parfaitement emboîtée dans les voisines, forcent l'admiration, ce qui a d'ailleurs valu à la ville le privilège, dès 1985, de rentrer sur la liste du patrimoine mondial à l'Unesco. Ne manquez pas non plus la cathédrale, peut-être le plus bel exemple qui soit d'édifice religieux-forteresse, dont le chevet est carrément pris dans les murailles, ou la très jolie basilique San Vicente. C'est une des villes que nous avons préféré dans toute la province.

Avila murailles
L'incroyable vue, le soir venu, sur la ville d'Avila repliée dans ses remparts médiévaux, depuis le mirador des Cuatro postes.


 Sommaire
  • histoire de la ville ici
  • les murailles ici
  • la vieille ville ici
  • la cathédrale ici
  • la basilique San Vicente ici



Histoire de la ville 

Comme chaque ville de cette importance, l'histoire de son occupation remonte il y a fort longtemps, car l'emplacement commença, avant l'époque romaine, à attirer quelques populations dont on a trouvé des vestiges archéologiques. Les Romains reprirent le nom initial d'Obila (la haute montagne) pour Abila, et leur passage demeure clairement visible aujourd'hui : en effet, la ville conserve le plan en damier, les deux axes principaux cardo et decumanus, se croisant au niveau du forum central, aujourd'hui la Plaza Mayor. D'ailleurs, on le verra plus bas, on retrouve même des vestiges d'autels romains incrustés dans les remparts ! Mais après la chute de Rome, elle fut wisigoth, maure, puis enfin chrétienne et c'est au XIème siècle que les murailles que l'on admire encore de nos jours furent élevées par Raymond de Bourgogne. Avila connut son heure de gloire durant le règne des Rois Catholiques au XVIème siècle.



les murailles


On ne peut pas les manquer ! Ces murailles forment un ensemble juste ahurissant et constituent un des plus beaux exemples en Europe. 

murailles d'Avila
Une section des murailles en s'approchant de la ville.


Les chiffres sont colossaux et laissent imaginer le temps qu'il a fallu pour édifier un tel mur : 2500 mètres pour autant de créneaux, 87 tours et 9 portes. Le tout réalisé à l'aide de deux granites différents, l'un sombre, l'autre gris. Comme mentionné plus haut, les constructeurs ont également incorporé les restes des monuments romains... 

Détail des murailles


Au XIème siècle, le roi Alphonse VI de Leon ordonne la fortification de la ville, ainsi que celle de Salamanque et de Ségovie. Les travaux durèrent neuf ans. Plus tard, au XIVème siècle notamment, les murailles sont améliorées pour les rendre imprenables. Aujourd'hui, faire le tour des remparts est l'activité n°1 dans la ville. Du haut des 12 mètres de hauteur, vous pourrez admirer les toits de la ville et aller de tour en tour, pour une plongée mille ans en arrière. 

Avila
A l'époque, la muraille marquait la limite entre l'intérieur civilisé et l'extérieur "barbare", contre lequel il fallait se battre. La ville s'étend désormais bien au-delà. 


Murailles au niveau de la porte del Carmen
Murailles au niveau de la porte del Carmen

On distingue dans les murailles le recyclage d'édifices romains.




la vieille ville


A l'intérieur des murailles, à part la cathédrale bien sûr, quelques belles ruelles et places, comme celle de Mercado chico, très sympa.

Place du Mercado chico Avila
Place du Mercado chico, entourée de ses arcades ; il y fait bon se reposer au soleil (hivernal) avant de se lancer à la conquête des murailles par exemple.

palais de Davila
Entrée monumentale et massive du palais des Davila - XIIIème siècle
Direction les escaliers pour monter aux murailles.



la cathédrale


Sa visite est vraiment digne d'intérêt, autant de l'extérieur que de l'intérieur. C'est intéressant car elle fut conçue dès le départ à la fois comme un monument religieux ET comme un moyen de défense. C'est une cathédrale-forteresse, comme il en existe quelques-unes en Europe. Il n'y a qu'à voir son abside, qui constitue en fait la muraille !  

Abside de la cathédrale d'Avila.
Abside de la cathédrale d'Avila. Elle s'intègre parfaitement dans la muraille. 


Sa construction s'étala du XII au XIIIème siècle, à une époque où il était nécessaire de repeupler le plateau castillan suite aux attaques répétées des Maures. L'architecte en chef, Fruchel, opte pour le style gothique, ce qui en fait la première du genre en Espagne

cathédrale Avila
Vue de l'extérieur, avec son unique tour datant des débuts de la construction.

 

La personnalité la plus célèbre de la ville est sans aucun doute la religieuse du XVIème siècle Thérèse d'Avila, née dans cette ville, profondément mystique, qui laissa de nombreux écrits pour témoigner de son expérience religieuse. Elle réforma l'ordre des carmélites en créant sa propre branche, les Carmes déchaux (car ils allaient pieds nus dans leurs sandales). Elle fut canonisée au XVIIème siècle. Son corps ne repose pas ici à Avila, mais à Alba de Tormes. 

A l'intérieur, la nef, très élancée, mesure 85 mètres de longueur pour 42 de large et 28 de hauteur ! 

Nef de la cathédrale d'Avila.
Nef de la cathédrale d'Avila.


En avançant depuis la porte principale vers le transept, on tombe, comme dans toute cathédrale remaniée à la Renaissance espagnole, sur le choeur, en plein milieu. Personnellement, je trouve que cela vient briser le formidable élan de la nef, et encore, ici, à Avila, on la devine quand même. Mais c'est frustrant de voir ce cloisonnement des espaces. A l'origine il n'existait pas, car au Moyen-Age, le choeur était dans une chapelle au fond. C'est donc un remaniement au XVI ème siècle qui vit le choeur et ses stalles se déplacer. 
Venant fermer cet espace, le Trascoro, une pièce Renaissance divisée en trois espaces par des pilastres. A gauche, la présentation au Temple, puis l'Adoration des rois, et, à droite, le massacre des Innocents. Les détails sont somptueux, le travail remarquable. 

Trascoro Avila
Trascoro : vue d'ensemble des scènes principales. Dans les médaillons, étreinte de San Joaquin et Santa Ana à gauche et Visitation à droite. La frise au-dessus représente les différents prophètes. Sur la crête du haut, enfin, des anges dans une posture dynamique encadrent la figure du Père éternel.

Détail du massacre des Innocents.


Le déambulatoire est la partie la plus spectaculaire de la cathédrale. Déjà c'est la plus ancienne, celle créée par Fruchel. Il s'agit en fait d'un double déambulatoire séparé par de fines colonnes, bordant neuf chapelles. On distingue nettement les deux couleurs des deux pierres différentes qui furent utilisées pour la construction de l'édifice. 

Déambulatoire. 


C'est au peintre Pedro Berruguete que l'on doit le retable de l'autel principal. C'est en 1499 qu'il réalise cet ensemble de portraits des docteurs de l'Eglise et d'évangélistes, ainsi que de scènes importantes comme le cycle de la Passion. Plus tard, à sa mort, d'autres poursuivront avec des scènes de la Présentation ou de l'Annonciation.

Retable principal Avila
Retable principal.


Enfin, la sacristie vaut le coup d'oeil : elle possède un beau plafond octogonal surmonté de tubes angulaires. Plusieurs sculptures en bois sur chaque côté représentent des scènes de la Passion tandis qu'au fond, un grand retable en albâtre ajoute la scène de la flagellation et de l'Ecce homo.

La sacristie Avila
La sacristie.




Basilique San Vicente


Située à l'extérieur des murailles, cette très belle basilique de style roman remonte au XIIème siècle. C'est le deuxième monument religieux le plus important de la ville après la cathédrale. On la surnomme aussi la basilique des Frères martyrs, car elle fut édifiée à l'endroit même où deux adolescents, en 306, furent martyrisés sous les ordres de Dioclétien. On leur reprochait d'avoir offert des sacrifices aux dieux romains, ce qu'ils ont toujours nié. La sentence fut la mort, et leurs corps furent projetés du haut d'un rocher, englobé dans l'édifice actuel (on peut voir le rocher dans la crypte). D'après la légende, le responsable de leur mort se serait repenti et aurait ordonné la construction d'un temple pour les enterrer. On retrouve trace de cette histoire dans une inscription sur le cénotaphe. Les restes des corps ont beaucoup voyagé : Burgos, Covarrubias , puis retour à Avila. 

La basilique San Vicente d'Avila, lieu de martyr.
La basilique San Vicente d'Avila, lieu du martyre. 


Le portail occidental est le principal de l'édifice. Abondamment travaillé, il représente un tympan en deux parties avec des scènes de la vie de Lazare. Jésus est représenté sur le meneau, debout à côté de dix apôtres. 

Portail occidental Avila
Portail occidental.


Autel principal de style baroque.

Chapelle de l'abside sud en grès "saignant", un grès avec des veines rouges.

nef San Vicente Avila
Nef de l'édifice.


Le cénotaphe des frères martyrs est l'endroit le plus sacré de la basilique. Il n'abrite pas les restes, comme tout cénotaphe (ces derniers sont répartis dans des urnes au niveau du maître-autel). Réalisé en pierre polychrome comme de coutume en cette époque romane espagnole, il est dans un parfait état de conservation. Il s'agit d'une arche avec un toit en trois parties. Les reliefs relatent des scènes de la vie des mages et des martyrs eux-mêmes. Trônant dans un coin, un christ à la mandorle. 

le cénotaphe de 900 ans d'âge ! 

Détails de scènes de martyres... pas très joyeux  ! 


Et voilà ! Cette petite ville d'Avila nous aura enchanté, et c'est de nouveau au point de vue qu'il faut se rendre la nuit pour avoir le droit à une vision des murailles éclairées. Adios Avila ! 

Avila by night
Avila by night

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Espagne - Avila la ceinturée Espagne - Avila la ceinturée Reviewed by RENOULT on 12 mars Rating: 5

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