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Autriche - Vienne, du baroque en musique



Vienne, capitale de l’Autriche, est considérée comme la « Cité de la musique » en raison de son héritage musical. Son centre historique est riche en ensembles architecturaux, notamment des palais
baroques et des jardins. L’ensemble a d’ailleurs été classé sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2001. La ville est vaste et il faut compter plusieurs jours pour en avoir un aperçu. Il ne faut pas oublier non plus de s’offrir une soirée musicale, car partout dans Vienne vous aurez l’occasion de rencontrer Mozart ! Le musée du Kunst sera à coup sûr un grand moment pour les amoureux de peintures, ainsi que la vision du Baiser de Klimt, un des emblèmes de la ville, au Belvédère supérieur. Enfin, un peu à l’écart du centre, l’imposant château de Schönbrunn, le pendant de Versailles, vous occupera une bonne journée.

le Belvédère supérieur est un des monuments baroques les plus célèbres de Vienne ; il abrite une riche collection d’oeuvres d’art, notamment des toiles de l’enfant du pays, Gustave Klimt.


petite histoire de Vienne...  Habité depuis 500 ans avant JC, le site fut durablement géré par les Celtes. Au XVème siècle, Vienne devint la résidence de la dynastie des Habsbourg, puis la capitale du Saint Empire romain germanique, devenant un centre incontournable de la musique, de la gastronomie, des arts et des sciences. Une terrible peste anéantit un tiers de la population au XVIIème siècle ! Ensuite, en 1804, Vienne devint la capitale de l’Empire d’Autriche durant les guerres napoléoniennes. Plus tard, en tant que coeur de l’empire austro-hongrois, elle est la capitale de la musique classique. C’est en 1919 qu’elle est à la tête d’un nouvel Etat, l’Autriche.


le centre historique


Vienne fut à plusieurs reprises une ville-frontière du monde de la chrétienté, et est longtemps restée entourée de fortifications, démantelées au milieu du XIXème siècle pour les remplacer par un boulevard circulaire, le Ring (« anneau »). Le centre historique est donc au coeur de cette zone, sur la rive droite du Danube, mais relativement éloigné de ce dernier quelques kilomètres – afin de se protéger des terribles crues. D’importants travaux de canalisation durant les XVIIIème et XIXème siècles ont permis de se rapprocher du fleuve, puis même de le traverser rive gauche afin d’installer des habitations. Nous avons donc naturellement débuté notre visite de la capitale autrichienne par cette ville intra-boulevard qui possède, outre le Graben (place principale) et la cathédrale, le grand palais impérial de Hofburg.


Graben


La rue et place du Graben est le coeur de la ville ; elle remonte à l’époque romaine puisque c’est ici que se trouvait l’enceinte du camp fortifié, d’où l’aspect allongé de la place. Depuis très longtemps, le Graben a servi de place de marché pour les habitants : dès le XIIIème siècle on mentionne des ventes de fruits, puis de légumes, de farine et de pain. Aujourd’hui c’est un lieu incontournable de la vie viennoise, avec sa monumentale colonne de la peste trônant au centre.


Dans de nombreux pays d’Europe centrale, les places possèdent en leur centre une colonne de la peste, monument érigé pour remercier la Vierge le plus souvent d’avoir écarté la terrible maladie. Celle de Vienne ne déroge pas à la règle et fut commandée en 1679 par Leopold Ier à l’issue d’une nouvelle poussée de la maladie qui fit tout de même 30 000 victimes… mais qui fut la dernière que connut Vienne. Un ange envoie en Enfer la Peste, représentée par une vieille sorcière aux traits saisissants.

On peut voir au pied de la colonne l’empereur s’agenouiller et retirant sa couronne en signe de soumission devant la Trinité.

1 - colonne de la peste
2 - la sorcière / peste chassée par l’Ange




Neuer Markt


Le Nouveau Marché (ou Neuer Markt) est l’un des plus anciens lieux de Vienne, situé dans la partie historique de la ville. Durant le Moyen-Age, afin d’alimenter la population de Vienne, il fut nécessaire de créer dès 1234 un vaste lieu d’échanges de denrées. Jusqu’au XIXème siècle on pouvait se fournir en céréales et en farine, d’où le nom officieux donné souvent à cette place rectangulaire : le marché de la farine.

Au centre de la place se trouve une vaste fontaine construite en 1739 par Georg Raphael Donner : on l’appelle Providence car au centre trône une figure allégorique représentant le Bon Gouvernement, entourée de quatre fleuves (à la manière de la fameuse fontaine des quatre fleuves du Bernin, à Rome). Nous sommes en plein maniérisme baroque.

vue de la place Neuer Markt
façade donnant sur la place


cathédrale Saint-Etienne


La cathédrale Saint-Etienne (Stephansdom) est l’église mère du catholicisme viennois. Elle s’élève ici depuis le XIVème siècle sur les ruines de deux églises antérieures. Cet édifice religieux, le plus important d’Autriche, a été le témoin de bon nombre d’événements importants de l’histoire du pays et est devenu un symbole de Vienne, avec son toit aux tuiles multicolores. C’est donc au début du XIVème siècle que fut décidée la construction d’un vaste édifice assez large pour répondre aux besoins d’une population croissante. La nef centrale est consacrée à Saint Etienne tandis que les deux nefs latérales sont dédiées à Sainte Marie et aux apôtres.

L’édifice a été orienté vers le lever du soleil au 26 décembre, jour de la Saint Etienne. Construite en calcaire, la cathédrale mesure 107 mètres de long pour 136 de hauteur à son point culminant. La tour Stephen, que l’on voit parfaitement sur cette photo prise en fin de journée, est un élément incontournable du paysage viennois. Il fallut 65 ans (de 1368 à 1433) pour en venir à bout. A la pointe de la tour se dresse l’emblème impérial avec le double aigle des Habsbourg-Lorraine. De l’autre côté de cette tour Nord était prévue la même tour mais dont la construction a été interrompue au XVIème siècle à 68 mètres « seulement », soit la moitié de la hauteur de la Sud. La gloire de la cathédrale est bien visible ici : le toit en tuiles multicolores


une fierté nationale...  La gloire de la cathédrale Saint-Etienne est son toit multicolore composé de 230 000 carreaux de mosaïques ! L’immense aigle à deux têtes est le symbole de la dynastie des Habsbourg. En 1945, les bombardements de la seconde guerre mondiale provoquèrent malheureusement beaucoup de dégâts.

On entre dans l’édifice par une vaste porte appelée « du Géant », se référant à l’os de la cuisse d’un mastodonte qui pesait sur elle depuis des décennies après avoir été mis au jour en 1443. Le tympan au-dessus met en scène le Christ Pantocrator flanqué de deux anges, le tout encadré de deux tours en style roman de 65 mètres de hauteur. Ces Heidentürme (tours des païens car elles furent construites dans les décombres des anciennes structures édifiées par les Romains) abritaient à l’origine des cloches. C’est cette partie de la façade qui est la plus ancienne de tout l’édifice.

Pour l’anecdote, c’est en entendant sonner les cloches de la cathédrale Saint-Etienne que l’immense Beethoven se rendit compte - précisément car il ne les entendait pas – de sa surdité foudroyante.

 

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1 - autre vue de la cathédrale avec le toit multicolore
2 - façade de l’édifice avec les deux tours
3 - tympan et Christ Pantocrator

vue de la haute nef de la cathédrale Saint-Etienne

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1 - En face de la cathédrale s’élève un des bâtiments qui fit le plus polémique dans tout Vienne : l’immeuble Haas, élaboré par l’architecte postmoderniste Hans Hollein en 1990. Ca craint je trouve !
2 - le plaisir d’être à Vienne !



église Saint-Pierre


L’église Saint-Pierre, à quelques mètres seulement du Graben, est de style baroque, et appartient depuis quelques années à l’Opus Dei. Une ancienne église était déjà en ces lieux depuis le début du Moyen-Age, peut-être même la plus vieille de Vienne. Elle fut ensuite remplacée par un édifice roman vers l’an 800. Quoi qu’il en soit, après que tout ait brûlé lors d’un incendie en 1661, c’est Léopold Ier qui fait le voeu de reconstruire Saint-Pierre lorsque Vienne fut ravagée par la peste en 1679-1680. On s’inspire de la basilique Saint-Pierre du Vatican, avec une vaste coupole baroque, une première dans la ville. En raison de l’isolement et du petit espace disponible, les architectes ont opté pour une forme ramassée, compacte, sorte de boîtier ovale étonnamment vaste dès que l’on pénètre à l’intérieur.

Le dôme a été conçu pat Matthias Steinl, et les fresques originales par l’italien Pozzo, mais furent enlevées après sa mort. Par conséquent, une nouvelle série fut initiée en 1713 par Rottmayr, représentant le couronnement de Notre-Dame. Les quatre évangélistes apparaissent dans les quatre écoinçons autour de la coupole.

façade baroque de l’église Saint-Pierre
l’intérieur ramassé impressionne pourtant par la hauteur et les volumes

le riche maître-autel baroque




place Saint-Michel


La place Saint-Michel (Mickaelerplatz) fut conçue au XVIIIème siècle dans le style baroque. Elle est aujourd’hui une des plus célèbres de Vienne puisqu’elle constitue l’entrée principale du palais Hofburg. Le regard est irrésistiblement attiré par le haut dôme qui abrite le musée Sissi. D’autres bâtiments historiques sont à voir, comme la très controversée maison d’Adolf Loos, symbole du modernisme viennois, achevée en 1909. Notons encore la petite église de Saint-Michel.


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1 - façade de l’église Saint-Michel
2 - la très controversée Loosshaus (voir encart plus bas)


C’est à l’issue d’un concours d’architecture en 1909 qu’Adolf Loos remporta le contrat de construction d’un immeuble d’affaires. Loos l’a voulue comme un portique aux colonnes toscanes (conçu comme un pendant à la façade à portique de l’église Saint-Michel juste à côté). Après son achèvement, la maison a provoqué un choc dans tout Vienne. On raconte même que l’empereur François-Joseph, qui habitait en face le palais Hofburg, avait fait clouer toutes les fenêtres donnant sur la place pour ne pas avoir à regarder cette maison « horrible ».


Hofburg


Le Hofburg est un des plus célèbres palais d’Europe, ayant abrité les membres les plus puissants de la dynastie des Habsbourg (durant l’hiver, car en été tout le monde déménageait pour Schönbrunn) ainsi que les dirigeants d’empire austro-hongrois. C’est actuellement la résidence officielle du président de la République autrichienne. Au fil des siècles, le palais, gigantesque, s’est agrandi avec l’ajout de musées (le Kunsthistorisches, le Naturhistorisches, la Bibliothèque nationale, l’école d’équitation etc… ainsi qu’un musée consacrée à Sissi).

entrée principale du Hofburg depuis la place



Hofburg – bibliothèque nationale d’Autriche

Parmi les innombrables bâtiments du Hofburg, nous avons visité la somptueuse bibliothèque nationale d’Autriche, la plus grande et riche du pays avec ses 7 millions d’ouvrages.

l’incroyable bibliothèque de Vienne, baroque, renferme des trésors inestimables


D'où viennent ces trésors ?  La bibliothèque fut fondée par les Habsbourg qui la nommèrent « Hof-Bibliothek ». Cet exceptionnel fonds a commencé à être réuni dès le Moyen-Age grâce au duc Albert III, qui organisa la traduction en allemand de nombreux manuels latins. Il fonda même un atelier royal afin d’enluminer les manuscrits. Au Xvème siècle, l’empereur romain germanique Frédéric III, puis Maximilien Ier, font rentrer dans la collection de précieux trésors ramenés de Bourgogne et du Nord de la France. La seconde épouse de Maximilien, de la famille Sforza, introduit comme dot lors du mariage d’inestimables livres d’ateliers italiens. Voilà comment a commencé la récolte d’un des temples du livre ! Il ne faut pas oublier non plus les ouvrages scientifiques, les globes et les atlas.

Imposante avec ses quelque 80 m de longueur et 20 m de hauteur, la Salle d’apparat de la Bibliothèque est coiffée d’une coupole qu’ornent des peintures de Daniel Gran. Plus de 200 000 volumes sont conservés ici, notamment les 15 000 oeuvres que contenait la bibliothèque du prince Eugène de Savoie ainsi qu’une des plus vastes collections d’écrits réformateurs de Martin Luther.

vue d'une partie de la salle d'apparat

   
   
 


Opéra de Vienne

Vienne, c’est la musique ! Et l’on ne peut évoquer la capitale autrichienne sans parler d’opéra. De style néo-Renaissance, il fut construit dès 1861 dans le cadre de la politique d’expansion de la ville. Vienne a une longue tradition de musique classique, mais tout se déroulait dans le Hofburg. La Cour est le lieu de production de spectacles dramatiques, lyriques et chorégraphiques. L’opéra dès son achèvement souleva un flot de critiques : il est assez petit, il est en contrebas d’un mètre du Ring (la rue principale qui fut soulevée en même temps, laissant l’opéra être comparé à un « coffre en contrebas du trésor »). L’un des deux architectes se suicide, l’autre meurt de la tuberculose : personne ne vit la première ouverture en 1869 avec le Don Giovanni de Mozart, en présence de l’empereur Franz Josef et de l’impératrice Elisabeth (Sissi).

Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 12 Mars 1945, l’opéra a été incendié par un bombardement américain. Seul le hall d’accueil avec ses fresques a été préservé car un mur de protection avait été mis au cas où. La salle et la scène ont été, cependant, détruits par les flammes ainsi que la quasi-totalité de la décoration et des accessoires pour plus de 120 opéras, avec près de 150 000 costumes.

 

la vaste salle de l’opéra de Vienne, reconstituée après les bombardements de la deuxième guerre mondiale

le hall d’entrée, fastueux, est une des seules parties à avoir survécu aux bombes


des pointures internationales...  Gustav Mahler est un des plus célèbres chefs d’orchestre ayant travaillé à Vienne. Mais le plus célèbre demeure Herbert von Karajan, qui introduisit la pratique d’effectuer des opéras exclusivement dans leur langue d’origine. Avant cela, les livrets étaient traduits et interprétés en allemand. Il collabora avec la Scala de Milan afin de monter une orchestration commune, ce qui permit en retour au public italien de mieux connaître les oeuvres de Mozart ou de Strauss 

une des salles qui permettait au public d’attendre durant les pauses

le rideau de scène

la loge de l’empereur qui attendait ici avant et après le spectacle
 l’arrière-scène : une organisation millimétrée !
façade de l’opéra


Mozart... il est partout !  C’est à Vienne que, durant les dix dernières années de sa vie, Mozart va réaliser ses plus grandes oeuvres, libéré de l’autorité de son père et de son employeur. L’empereur Joseph II, qu’il rencontre aussitôt, est un amoureux de musique. Il se marie avec Constance en la cathédrale Saint-Etienne. Parmi les  oeuvres immortelles composées à Vienne, citons Don Giovanni, Cosi fan tutte, les Noces de Figaro, la flûte enchantée pour les opéras, mais aussi la symphonie n°40, la marche turque ou son testament final, le Requiem… Vienne résonne des notes de Mozart, et vous ne pouvez pas ne pas aller écouter un des nombreux concerts donnés dans la ville.

 

assister à un récital de grands airs de Mozart fut un grand moment de notre séjour viennois ; ici, dans la salle de la Grande Redoute du palais Hofburg.



Église jésuite et Sonnenfelsgasse


Au nord-est de la cathédrale courent quelques ruelles pittoresques comme la Sonnenfelsgasse. A deux pas, l’église des Jésuites (ou Eglise de l’université) fut influencée par les premiers édifices baroques, puis rénovée par Andrea Pozzo dès 1703. Elle est dédiée au Saint Ignace de Loyola. C’est Pozzo qui ajoute les deux tours jumelles de la façade. L’architecte est d’ailleurs enterré dans l’église, étant décédé subitement avant un déplacement pour Venise. Si l’extérieur est relativement austère, il faut pousser les portes pour admirer la richesse de l’intérieur avec ses piliers en marbre, des dorures, ses fresques allégoriques… Comme il est de coutume dans la décoration baroque, le trompe-l’oeil est abondamment utilisé, comme pour la coupole, totalement illusoire car peint sur un plafond plat ! Chapeau l’artiste !

la fausse coupole de l’église des Jésuites vaut le coup d’oeil…


la riche nef

 ruelle typique de Sonnenfelsgasse

 façade de l’église des Jésuites


d'où viennent les viennoiseries ?  L’ancêtre du croissant remonterait au XIIIème siècle, en Autriche, mais nous ne connaissons ni la recette ni le type de pâte utilisée. C’est un officier autrichien, avec un associé viennois, qui les introduisit à Paris au XIXème siècle, ouvrant la première boulangerie viennoise. Au début, les ouvriers venaient tous de Vienne pour travailler dans la capitale française, avant que leurs élèves parisiens ne s’y mettent. Ce n’est qu’au début du Xxème siècle que le croissant est devenu un symbole culinaire français.


Belvédère supérieur


Le Belvédère est un vaste complexe de deux palais baroques, le supérieur et l’inférieur, reliés par des jardins. Ils abritent aujourd’hui des musées de peinture. Ces palais furent construits comme résidence d’été du prince Eugène de Savoie lors de la période de grandes constructions à Vienne, à la fois capitale impériale et abritant le pouvoir des Habsbourg. Cette belle période de prospérité faisait suite aux succès d’Eugène de Savoie contre l’Empire ottoman. Nous avons visité le Supérieur, réputé pour la qualité de ses toiles exposées. Il fut construit dès 1717 pour être achevé six ans plus tard. Il fut, dès le XVIIIème siècle, transformé en galerie d’art, ce qui n’est pas le cas pour l’Inférieur qui servit de refuge aux rescapés de la Révolution française, comme Marie-Thérèse Charlotte, la seule enfant survivante de Louis XVI et Marie-Antoinette.

vue sur les jardins et le palais Inférieur en contrebas depuis le salon de marbre du Belvédère Supérieur

le magnifique salon de marbre, taillé pour les bas, au centre du palais

façade baroque du palais supérieur
vue rapprochée de la façade

hall d’entrée

le palais abrite aujourd’hui un musée

escalier principal

une salle d’exposition

Le chef-d’oeuvre le plus célèbre du Belvédère supérieur est sans conteste le Baiser, de Gustave Klimt, que l’on trouve reproduit partout dans la ville, des Tshirts aux mugs, en passant par les cartes postales ou les livres. Exécuté en 1908 par le célèbre peintre autrichien symboliste, il correspond au sommet de sa « période d’or », lorsqu’il exécuta plusieurs autres toiles dans un style doré similaire. L’oeuvre est un carré parfait représentant un couple enlacé, les corps entremêlés dans des robes de style Art nouveau. Il s’agit d’une peinture à l’huile rehaussée de feuilles d’or, ce qui rappelle la technique utilisée au Moyen-Age dans les toiles ou les manuscrits enluminés. Klimt s’est toujours dit très impressionné d’un voyage à Ravenne qu’il effectua, lorsqu’il découvrit les mosaïques dorées de l’église San Vitale.

le baiser, Gustave Klimt, 1908


Du côté des sculptures, la palme revient à la série des « têtes de caractère » de l’artiste germano-autrichien Franz Xaver Messerschmidt. Lui qui fut le portraitiste des familles régnantes en ce milieu du XVIIIème siècle réalisa une série de 69 têtes en métal et albâtre, qui furent montrées à Vienne en 1793. L’émotivité de chaque personnage est exagérée, et les traits sont grimaçants. Il est vraiment très amusant de faire le tour de ces instantanés plein de vie, d’autant qu’ils sont particulièrement mis en valeur dans une pièce circulaire du Belvédère, qui en possède la majeure partie (d’autres musées, dont le Louvre, en ont également).

un exemple de tête grimaçante de Messerschmidt


Pour en terminer avec le Belvédère, voici quelques oeuvres d’importance que vous pourrez admirer dans ce palais :

Messerschmidt, têtes de caractère – 1783
Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand Saint- Bernard

Caspar David Friedrich, rochers dans un ravin – 1822

Van Gogh, plaine d’Auvers – 1890

Claude Monet, le chef Père Paul

Claude Monet, une allée au jardin de Monet, Giverny – 1901

Gustav Klimt, Frida Reidel – 1906

Edvard Munch, hommes à la plage – 1908

la fresque du plafond du salon de marbre, au centre du palais


Kunsthistorisches Museum


Ah ! Le Kunst ! Un des plus vieux et des plus riches musées au monde, installé et c’est rare – dans un somptueux bâtiment de style Renaissance italienne dont la fonction a été fixée dès le départ, en 1891 (contrairement au Louvre ou à l’Ermitage). C’est une visite extraordinaire où l’on va de surprises en surprises. Il faut dire que le Kunst possède des trésors flamands et italiens, surtout, et, pour ma part, une oeuvre que je rêvais de voir en vrai depuis tout petit : la tour de Babel de Brueghel. Pour les amoureux d’art, c’est un lieu incontournable qui sera un de vos moments forts de tout voyage.

A noter qu’en face du Kunst s’élève un autre musée à l’architecture identique, le Museum d’histoire naturelle.

 

 l’imposante façade de style Renaissance du Kunst

en face, un bâtiment identique, le Musée d’histoire naturelle
le hall d’entrée du Kunst

en haut de l’escalier principal : Canova, Thésée luttant contre le Centaure – 1804

une des galeries

le bâtiment en lui-même vaut le coup d’oeil !

une des plus belles pièces du musée, la Gemma Augustea

Je vais vous présenter une sélection d’oeuvres que je trouve magnifiques, et ce sera donc un aperçu totalement subjectif (comme souvent en art…) de ma visite. Pour certaines oeuvres, on soufflera un peu en donnant plus d’informations sur la toile. Allez au Kunst, vous ne serez pas déçus !



Pieter Brueghel l’Ancien


un amoureux des gens simples...  C’est un peu pour lui que l’on vient au Kunst : ses oeuvres occupent une vaste pièce au coeur du musée. Ce génie de la peinture flamande du XVIème siècle a su comme personne d’autre représenter des personnages plus vrais que nature, se détachant devant des paysages fourmillant de détails ! Il est en totale rupture avec les peintres du Moyen-Age, dépasse les primitifs allemands, un peu à la manière d’un Jérome Bosch, mais qui lui voulait inspirer la terreur, ce qui n’est nullement le cas chez un Brueghel l’Ancien. Lui veut montrer la vie ordinaire de son temps, nullement améliorée ou glorifiée : ses personnages sont ronds, avec une bonne mine, jamais nus, jamais aux corps bien proportionnés. C’est la vie populaire qui domine, et qui est décrite dans ses activités journalières. Pour la première fois dans l’histoire de l’art, un peintre humanise la classe paysanne et fait surgir cette émotion sincère qui le caractérise. C’est pour cette raison que Brueghel est si important. Un tiers de ses toiles se trouve ici au Kunst de Vienne.


Brueghel l’Ancien, la tour de Babel – 1563. Il s’agit de la toile la plus célèbre du maître, qui s’inspire du célèbre épisode biblique. L’architecture de la tour, avec ses nombreuses arches et des détails de l’ingénierie romaine, rappelle le Colisée, vu pour les chrétiens de l’époque tout à la fois comme un symbole d’orgueil et de persécution. Ce parallèle entre Rome et Babylone était évident au Moyen-Age, car la ville d’Auguste, censée durer éternellement, est devenue décadence et symptôme d’une humanité vaniteuse et éphémère. En regardant attentivement la toile, on voit que les arcs édifiés par les travailleurs ne sont pas bien stables, et certains s’écroulent déjà. L’histoire biblique a été interprétée comme un exemple de fierté punie par Dieu, qui par la suite sema l’incompréhension chez les humains en les dotant chacun d’une langue différente.

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1 et 2 - Brueghel l’Ancien, la tour de Babel – 1563 détail

Pieter Brueghel, les chasseurs dans la neige – 1565. Cette toile fait partie d’une série de six qui représentent différents moments de l’année. La scène hivernale montre trois chasseurs qui reviennent d’une expédition accompagnés de leurs chiens, qui semblent, tout comme leurs maîtres, usés et abattus. Un homme porte le cadavre maigre d’un renard : les temps sont durs, le ciel est couvert, les couleurs sont pâles. Des adultes les attendent en préparant un feu. En 1565, l’hiver fut particulièrement rigoureux et marqua le début d’une période climatique connue comme « le petit âge glaciaire ».

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1 - Pieter Brueghel, massacre des Innocents – 1567
2 - Pieter Brueghel, Jour sombre – 1565 ; atmosphère sombre et arbres sans feuilles. La couronne en papier autour de la tête du garçon renvoie à l’Epiphanie
3 - Pieter Brueghel, retour du troupeau – 1565
4 - Pieter Brueghel, mariage paysan
5 - Pieter Brueghel, danse paysanne
6 - Pieter Brueghel, paysan et le voleur de nid – 1568 ; il s’agit d’une toile moralisatrice montrant un paysan désignant au spectateur où se trouve le voleur de nid. Elle illustre un proverbe hollandais : « Celui qui connait l’emplacement du nid possède la connaissance ; le voleur, lui, possède le nid. »
7 - Pieter Brueghel, procession au calvaire – 1564
8 - Pieter Brueghel, conversion de Paul – 1567
9 - Pieter Brueghel, conversion de Paul – 1567 détail de Paul chutant
10 - Pieter Brueghel, le combat de carnaval et carême – 1569
11 - Pieter Brueghel, jeux d’enfants – 1560 ; la toile montre, dans un fourmillement de détails, 200 enfants jouant à 91 jeux différents ! C’est un véritable témoignage inestimable.



Jan Brueghel l’Ancien (fils de Pieter)


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1 - Jan Brueghel, paysage de forêt
2 - Brueghel, Enée et la Sibylle
3 - Jan Brueghel, bouquet de fleurs
4 - Jan Brueghel, fleurs dans un vase en bois
5 - Jan Brueghel, paysage à Schelle – 1614

Johannes Vermeer, l’art de la peinture – 1666. C’est une des toiles les plus célèbres du maître hollandais. Il offre une vision réaliste d’un atelier de peinture et est absolument remarquable pour le jeu sur la lumière venant de la large fenêtre à gauche. Sur le mur du fond est accrochée une carte de la Hollande dont un pli sépare nettement le Nord du Sud du pays, alors sous domination des Habsbourg. La femme qui pose pour le peintre est Clio, la muse allégorique de l’Histoire, avec des attributs communs que sont la couronne de lauriers et la trompette symbolisant la gloire. Cette toile, sauvée des bombardements alliés, a appartenu un temps à Adolf Hitler.

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1 - Jan Van Eyck, portrait de Jan de Leeuw – 1436
2 - Jan Van Eyck, portrait du cardinal Niccolo Albergati – 1431
3 - Rogier van der Weyden, triptyque du Christ en croix – 1440
4 - Hugo van der Goes, chute de l’homme et déploration – 1470
5 - Hans Memling, retable de Saint John – 1474
6 - Jérôme Bosch, Christ portant la Croix – 1505
7 - Jacob van Ruisdael, la grande forêt – 1655
8 - Rembrandt – autoportrait avec manteau de fourrure
9 - Rembrandt, autoportrait de 1652
10 - David Teniers, l’archiduc Léopold- Guillaume dans sa galerie de peinture – 1647
11 - Pierre-Paul Rubens, Tête de Méduse, 1617
12 - Pierre-Paul Rubens, couronnement du vainqueur – 1615
13 - Pierre-Paul Rubens, Angélique et l’ermite – 1627
14 - Pierre-Paul Rubens, l’annonciation – 1610
15 - Pierre-Paul Rubens, les miracles de Saint Ignace de Loyola – 1618
16 - Anthony Van Dyck, Nicholas Lanier – 1632

Lucas Cracach l’Ancien, le paradis – 1530 ; comme il est de coutume à cette époque, l’artiste a choisi de représenter sur une même toile plusieurs épisodes bibliques, allant de la naissance d’Eve jusqu’à la chute du paradis.

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1 - Lucas Cranach l’ancien, Loth et ses filles – 1528
2 - Lucas Cranach l’ancien, Saint Jérôme – 1502
3 - Lucas Cranach l’ancien, crucifixion – 1503
4 - Albrecht Dürer, tourment des 10 000 chrétiens – 1508
5 - Albrecht Dürer, portrait d’une jeune vénitienne – 1505
6 - Albrecht Dürer, fête de tous les saints – 1511
7 - Albrecht Dürer, vieille femme avec sa bourse – 1507
8 - Albrecht Altdorfer, Loth et ses filles – 1537

Albrecht Dürer, madone à la poire – 1512

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1 - Elisabeth Vigée- Lebrun, Marie- Antoinette – 1778
2 - Canaletto, les dogana à Venise
3 - Canaletto, les rives de Schiavoni – 1724
4 - Luca Giordano, Saint Michel terrassant le dragon
5 - Guido Reni, le baptème du Christ – 1622
6 - Nicolas Poussin, destruction du temple de Jérusalem par Titus
7 - Diego Velasquez, l’infante Marie- Thérèse à quatorze ans – 1652
8 - Diego Velasquez – portrait de Marguerite Thérèse en robe bleue

Caravage, le couronnement d’épines – 1607. Ce couronnement d’épines illustre la cruauté des deux tortionnaires martelant le Christ d’épines, qui souffre en silence.

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1 - Caravage, madone du rosaire – 1604
2 - Caravage, David avec la tête de Goliath – 1607
3 - le Perugin, Marie, l’Enfant et quatre saints
4 - Tintoret, Suzanne au bain – 1530
5 - Véronèse, Lucrèce – 1580
6 - Véronèse, Judith et Holopherne – 1581

Raphaël, la madone à la prairie – 1506. C’est une des toiles les plus célèbres du musée, peinte à Florence par le génie italien. Elle ressemble à la composition de la Belle Jardinière, Louvre.

Arcimboldo, l’été – 1563
Arcimboldo, l’hiver – 1563
Arcimboldo, le feu – 1566
Arcimboldo, l’eau – 1566



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