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Chili - Salar d'Atacama et Vallée de la Lune



Nous voilà dans l’extrême nord du Chili, dans une fabuleuse région aux paysages lunaires : le salar d’Atacama, plus grand désert de sel de ce pays avec ses 3000 km² d’une blancheur immaculée, entouré de hauts volcans dont le cône parfait du Licancabur ou l’actif Lascar ; et à quelques encablures, la surprenante et énigmatique Vallée de la Lune, près du village de San Pedro de Atacama, dont le relief étonnant a servi de zone d’essais pour les robots de la Nasa avant de les envoyer sur Mars… il faut dire que ces endroits parmi les plus désertiques de la planète font penser à un autre monde…

ciel sombre mais qui ne donnera pas de pluie au-dessus de la vallée de la Lune ; en arrière-plan, le beau cône du Licancabur



San Pedro de Atacama


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1 - arrivée sur le village de San Pedro de Atacama. Le village se présente comme une véritable oasis en pleine bordure de l’endroit le plus aride de la planète, le désert d’Atacama.
2 - la petite église de San Pedro en adobe (brique) fut édifiée en 1745 et est classée depuis plus de cinquante ans, constituant un des monuments les plus visités de la région. Elle a une longueur de 41 mètres pour 7 de large et son toit est entièrement en bois de cactus.

Petite histoire de la région...  La région est occupée depuis longtemps, bien avant l’époque inca, et les archéologues découvrent fréquemment des vestiges de cette civilisation Atacama, avec de la céramique surtout. Il y a 11 000 ans, ils domestiquèrent le guanaco pour en faire le fameux Lama, ce qui leur permit de se sédentariser et de fonder ainsi plusieurs petits villages sur quelques collines qu’ils fortifièrent. De nombreuses momies de la civilisation Atacama furent retrouvées, avec pour la plupart une caractéristique qui choqua les archéologues : les habitants pratiquaient la compression du crâne ; à l’aide de planches attachées fortement de part et d’autre de la tête d’un nouveau-né, on modelait le visage pour donner à l’individu le front le plus plat possible. Durant des siècles, cette civilisation domina entre Chiu-Chiu plus haut dans la montagne et le salar. Il fallut attendre l’arrivée des Incas vers 1450 pour connaître une nouvelle orientation culturelle, et la création de nombreuses routes. Les Espagnols, eux, s’installèrent en ce lieu au XVIème siècle après avoir soumis les incas et firent de San Pedro le coeur d’une région coloniale. Aujourd’hui, le secteur vit du tourisme et de l’exploitation du tout proche salar, surtout dans sa partie sud.

 

le volcan Licancabur


Ci-dessous, une vue du paysage au nord du village de San Pedro, vers la frontière bolivienne, avec le fameux volcan Licancabur (5920m) sur la gauche et le volcan Juriques (5704m) et son cratère de 1.5 km de diamètre sur sa droite. Ah le Licancabur ! Nous avions prévu d’en faire l’ascension mais ce fut une année à neige (responsable = El Nino) et il était impossible de le gravir ! Le Licancabur est un haut stratovolcan situé sur la frontière entre le Chili et la Bolivie, et qui s’élève au-dessus de la fameuse Laguna Verde, côté Lipez bolivien. Dans le cratère sommital, qui lui appartient entièrement au Chili, se trouve un petit lac, considéré comme l’un des plus hauts du monde, à 5916 mètres d’altitude. Malgré des températures pouvant descendre à moins 30°C et une surface couverte de glace quasiment toute l’année, ses eaux abritent une faune planctonique.

le volcan Licancabur



la lagune Miscanti



Depuis l’est du salar d’Atacama, une belle excursion permet d’aller rendre visite à la Lagune Miscanti, que l’on peut doubler de la Lagune Miniques. La piste est facile pour les rejoindre, sauf s’il y a de la neige, comme ce fut le cas lors de notre voyage… Là les choses se gâtent et il nous a fallu terminer à pied pour apercevoir l’eau glacée.

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1 - montée à la lagune dans la neige
2 - on termine dans la neige
3 - coucher de soleil sur l’altiplano et le salar d’Atacama

Montée l’après-midi vers Socaire, où la neige commence à apparaître. Nous envisageons de monter aux lagunes Miscanti et Miniques. Bien vite, il faut passer en quatre roues motrices. On avance doucement, mais la neige est beaucoup tombée ici par rapport à la Lauca. Chance, un chasse-neige a dû passer dans la journée, et nous pouvons continuer assez loin. Mais à un moment, stop net, plus rien. On finit à pied dans la neige, 30 minutes pour monter, alors qu’on imaginait 15 (toujours ces distances trompeuses…). On est à 4200 mètres en haut, on verra bien les lagunes mais elles sont glacées… ceci dit, c’est vraiment superbe, d’autant que nous sommes gratifiés d’un beau coucher de soleil. Le froid glacial tombe d’un seul coup. A la redescente de nuit, on croise un groupe d’Azimut, agence de San Pedro, qui monte les tentes dans la neige, bloqués qu’ils sont, sans même un véhicule 4X4. Le guide est suisse : « c’est pas de chance… c’est jamais arrivé, on est bloqué c’est pas de chance… » Redescente au bord du Salar à 2200 mètres, repas et dodo… dans la poussière !! Je dors dans le coffre avec Juju, les étoiles filantes sillonnent le ciel.

la lagune Miscanti sous la neige et la glace, dominée par le Cerro Miscanti (5622 m). Cette lagune aux eaux saumâtres était autrefois reliée à la plus petite Lagune Miniques avant qu’une éruption d’un volcan proche ne vienne installer une couche de lave qui les a séparées.


le salar d’Atacama


Voici donc cet immense salar de 3000 km², dont nous avons intégralement fait le tour en 4×4, chouette parcours d’ailleurs. Un désert salé de 100 km sur 80, vaste cuvette entourée de montagnes, sans aucune sortie possible pour les rares précipitations. Ce salar contient (malheureusement…) à lui seul près de 30% des réserves de lithium de la planète. L’air non chargé d’humidité rend l’atmosphère translucide et l’on voit parfaitement les montagnes situées de l’autre côté de la dépression, pourtant situées à plus de 100 kilomètres… Ainsi, les distances paraissent toujours plus courtes qu’elles ne le sont en réalité : nous sommes au pays de la démesure !


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1 - petit concours de course à pied à plus de 4000 mètres entre Julien et Hervé


Le salar est un lac temporaire superficiel, inondé après la saison des pluies, constitué de sels. Ces étendues salées se trouvent réparties, dans le monde, en des endroits à forte évaporation, d’où la précipitation du sel sous forme de cristaux. Un salar est donc une sorte de vaste cuvette dans laquelle l’évaporation est toujours plus importante que l’apport d’eau douce, qui n’arrive pas à s’en échapper. Quant à la dénomination de ces étendues, elle varie selon les continents : salar en Amérique du Sud, pan en Afrique australe, chott en Afrique du nord… La grande majorité des déserts salés est exploitée : en effet, outre le sel commun de table (chlorure de sodium), on y trouve également du potassium, du lithium, indispensables à la réalisation de composés électroniques. Les hommes qui y vivent de l’extraction travaillent dans des conditions extrêmes : altitude (qu’ils essaient d’enrayer en mâchant la célèbre feuille de coca), froid intense… Certaines parties de ces salar sont donc constellées de petits tas de sel.

Julien sur le bord d’une petite rivière salée


Signalons les six plus grands déserts de sel de la planète, que nous avons eu d’ailleurs la chance de traverser pour cinq d’entre eux :

le salar d’Uyuni en Bolivie (avec plus de 10 000 km², soit plus vaste que la Corse…)
la Salinas Grande en Argentine (région du NOA – 8900 km²)
le pan d’Etosha en Namibie (6100 km²)
le Chott el Jerid dans le sud Tunisien (5000 km²)
le salar de Copaisa en Bolivie (3200 km²)
le salar d’Atacama au Chili (3000 km²)

on voit bien au premier plan les hexagones de sel


Le salar d’Atacama est situé au coeur du désert du même nom, considéré comme le plus aride de la planète, avec certains endroits qui n’auraient même jamais connu la moindre goutte de pluie !! En fait, cette longue cuvette orientée nord-sud est coincée entre deux barrières, celle Chilienne à l’ouest et les Andes à l’est, et les précipitations éventuelles sont toutes bloquées par ces sommets. C’est le désert qui présente la plus faible densité d’activité organique de la terre. Quand on disait que c’était un pays d’extrêmes !

vertige des lignes droites infinies…



vallée de la Lune



La Vallée de la Lune, à une dizaine de kilomètres du village de San Pedro, est un haut lieu de l’Atacama avec ses paysages à couper le souffle. C’est une étape indispensable, et il faut venir pour admirer le coucher du soleil. Il s’agit en fait d’une zone topographiquement variée, avec des formations dunaires érodées par le vent, prenant toute une palette de couleurs, le plus souvent rouge. D’ailleurs, son surnom Vallée de la Lune renvoie au côté désolé du secteur, mais il faudrait la renommer « Vallée de Mars »… Des ingénieurs de la Nasa testent régulièrement leurs robots martiens ici, comme Pathfinder. Ils ont trouvé que c’était l’endroit sur Terre qui se rapprochait le plus de la géographie de Mars… Certains secteurs de la vallée n’ont pas reçu la moindre goutte de pluie depuis des siècles !

majesté de la Vallée de la Lune

le soleil baisse sur la vallée lunaire


Et puis, après un coucher de soleil impressionniste, il devient temps de rejoindre Calama… mais ça c’est une autre histoire…

18h15. On (essaie) de démarrer. La voiture (pour ne pas dire l’épave) a du mal, elle n’avance plus, Hervé est obligé de s’envoyer deux côtes en marche arrière, ce qui la fait bien chauffer. Et puis plus rien, 5 kilomètres heure, et puis  zéro. Il fait nuit, la panne. Galère. Une voiture d’hispanisants s’arrête, trois mecs sympas qui vont (j’espère) téléphoner à Calama pour l’assistance. On mange dans la caisse (pour ne pas dire l’épave). Heureusement qu’on n’est pas tombés en rade cet après-midi, loin de tout… 20h22, musique de naze dans la voiture, dialogues à la Audiard… extraits pris au vol : Hervé « tu trouves qu’il fait plus doux qu’hier ? » Julien « j’ai trouvé une cacahuète » Hervé « ça c’est l’heure qui s’affiche mais c’est pas à l’heure » 21h45 : une voiture arrive, et c’est la bonne. En fait, ce n’est pas un réparateur mais l’ami d’un gars d’Avis qui veut bien rendre service. Il regarde le moteur : « it’s not a good engine », et Hervé/Stefi prennent sa voiture en compagnie de sa copine Olivia et Julien et moi montons avec lui. Elle marche tout de suite très bien, ce qui nous fait sourire amèrement. Le mec est super sympa et on rigole bien, il allume la musique et on discute. Arrivée à San Pedro, à l’entrée du village. Hervé ne suit pas, ce qui ne nous inquiète pas, car le gars lui avait demandé de rouler doucement, car il avait un problème de suspension. Mais 5 minutes passent, ce qui fait beaucoup. « J’ai dit doucement mais là c’est vraiment doucement ». On fait demi-tour et la voiture roule toujours aussi bien. Selon lui, c’est l’essence prise au village qui n’est pas bonne. On prend peur pour la voiture d’H et S car on ne les voit pas. On refait les 12 bornes (en regardant dans les bas-côtés…). Finalement, warnings à l’horizon là où l’on était tombés en panne… ils ont crevé !!! Le sketch. Le gars en rigole, c’est la deuxième fois en deux jours. On laisse la voiture sur le bas-côté et on part à six à San Pedro… Attente de son copain qui doit réparer le pneu… jusqu’à 23h30. On aura une voiture de remplacement demain matin. On veut redémarrer pour se trouver un endroit tranquille où dormir… mais elle ne marche plus !!… 0h20 : on est dans la voiture, dans le village, les lampadaires dans la voiture…  Nuit blanche, impossible de dormir avec le volant dans les genoux. Nuit très fraîche qui plus est. Vers 8 heures Julien va chercher le petit dej’ lait et pain. Arrive Rodriguo qui parle avec nous pendant 1 heure. Architecte, il nous explique la construction des maisons en adobe, mélange d’argile, paille, pierre, très bon isolant thermique, mais qui résiste mal à la pluie. L’heure passe, on est de plus en plus dégoûtés. 10h15 : arrive le véhicule de rechange ; on attend encore 45 minutes pour qu’il aille dépanner le véhicule de Rodriguo. Les deux gars mettent un câble entre les deux véhicules et veulent nous tracter durant les 103 kilomètres nous séparant de Calama. Réticents au départ, nous le faisons, mais c’est hyper dangereux car les gars roulent trop vite, et nous on n’a presque pas de freins… Bref, il faut deux heures de vigilance pour Hervé pour rejoindre l’agence.
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Chili - Salar d'Atacama et Vallée de la Lune Chili - Salar d'Atacama et Vallée de la Lune Reviewed by RENOULT on 28 novembre Rating: 5

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