BREAKING NEWS

[4]

Bolivie - le plus fou des déserts : Uyuni




Uyuni ! Ce nom magique nous faisait rêver depuis des années ! Le plus fou des déserts : 10 000 km² de sel d’une blancheur éclatante, qui devient mer intérieure après de fortes pluies. Une grosse tache blanche posée sur l’altiplano. C’est, à 3600 mètres d’altitude, le plus grand désert de sel de la planète, tout simplement. Conduire à travers le salar est une expérience inoubliable, totalement déconcertante : on se croirait sur une autre planète, roulant entre ciel et terre, avec le bleu foncé venant se mêler au blanc cotonneux. Incroyable. Pas de risque de heurter un arbre ou un obstacle. C’est tout droit… et tout plat ! En effet, sur les 10 000 km², l’amplitude maximale du niveau est de… un mètre ! Pour la découverte de cet endroit hors du commun, nous avons rejoint son centre, sur une petite île devenue célèbre : Pescadores, avec ses milliers de cactus se détachant dans le ciel bleu. Bienvenue dans un autre monde !


Julien arpente les hexagones de sel au petit matin, dans une atmosphère des plus particulières


la traversée du salar



La veille de notre traversée du salar, nous avions bivouaqué en bordure du salar, près d’un petit point d’eau qui a gelé durant la nuit. Si le coeur de ce désert est d’un blanc pur, avec un sol bien meuble, toute la périphérie est un mélange de sable ou de boue (on en sait quelque chose pour s’être embourbés plus d’une fois…).Aborder Uyuni, c’est nécessairement aborder son histoire géologique. Cette fois, il faut remonter quelques dizaines de milliers d’années : il y a 35 000 ans environ, toute cette région de l’altiplano était occupée par un immense lac, le Minchin, qui s’est ensuite progressivement asséché pour donner les quatre grands lacs actuels, deux d’eau douce (le Poopo et l’Uru Uru) et deux déserts de sel (Uyuni et Copaisa). Phénomène intéressant à souligner : lors de grandes crues, les eaux du pourtant lointain lac Titicaca se déversent dans le lac Poopo, qui à son tour alimente Copaisa puis Uyuni. Tout communique, rien ne se perd.


1

2

3

1 - une nuit glaciale
2 - au réveil
3 - magie des horizons sans fin…

on distingue bien derrière la voiture les tas de sel extraits de la couche superficielle


Le salar est un lac temporaire superficiel, inondé après la saison des pluies, constitué de sels. Ces étendues salées se trouvent réparties, dans le monde, en des endroits à forte évaporation, d’où la précipitation du sel sous forme de cristaux. Un salar est donc une sorte de vaste cuvette dans laquelle l’évaporation est toujours plus importante que l’apport d’eau douce, qui n’arrive pas à s’en échapper. Quant à la dénomination de ces étendues, elle varie selon les continents : salar en Amérique du Sud, pan en Afrique australe, chott en Afrique du nord… Pour finir, signalons les six plus grands déserts de sel de la planète, que nous avons eu d’ailleurs la chance de traverser pour cinq d’entre eux :

le salar d’Uyuni en Bolivie (avec plus de 10 000 km², soit plus vaste que la Corse…)
la Salinas Grande en Argentine (région du NOA – 8900 km²)
le pan d’Etosha en Namibie (6100 km²)
le Chott el Jerid dans le sud Tunisien (5000 km²)
le salar de Copaisa en Bolivie (3200 km²)
le salar d’Atacama au Chili (3000 km²)

La grande majorité des déserts salés est exploitée : en effet, outre le sel commun de table (chlorure de sodium), on y trouve également du potassium, du lithium, indispensables à la réalisation de composés électroniques. Les hommes qui y vivent de l’extraction travaillent dans des conditions extrêmes : altitude (qu’ils essaient d’enrayer en mâchant la célèbre feuille de coca), froid intense… Certaines parties de ces salar sont donc constellées de petits tas de sel.

 Sa profondeur varie de 2 à 20 mètres. Ce lac est donc recouvert d’une couche superficielle de sel durci, celle sur laquelle nous roulons et qui est exploitée, dont l’épaisseur est elle aussi variable : de quelques centimètres à quelques mètres. Mais le sel extirpé n’est pas le seul attrait (malheureusement) du salar, qui possède à lui seul plus de la moitié des réserves mondiales de lithium, concentré à 0,3% dans le liquide saumure sous la croûte. Mais suite à de farouches oppositions des populations locales qui voyaient d’un mauvais oeil l’arrivée massive de compagnies minières étrangères, le gouvernement bolivien a sa propre compagnie, modeste, qui exploite le site d’une manière (pour l’instant) assez légère. Quant au sel, on estime qu’il représente à Uyuni 10 milliards de tonnes, pour 25 000 extraits chaque année. De quoi voir venir, surtout qu’une partie se reconstitue en permanence.

exploitation de sel et petite pause dans l’immensité blanche



l’île de Pescadores


Le nom « Uyuni » vient de l’aymara « enclos » : c’est le même mot qui est utilisé pour désigner un enclos de troupeau domestique. Il fait certainement référence aux nombreuses îles qui émergent du salar, sommets d’anciens volcans submergés par la mer lors de l’époque du lac Minchin. Ce peuple aymara a une toute autre version de la création du salar… D’après une de leurs légendes, trois géants hantaient les lieux : Tunupa, Kushu et Kusina (ce sont les trois volcans qui bordent actuellement le salar). Tunupa, une femme, se maria à Kushu, ils eurent un enfant, mais bien vite Kusha trompa sa femme avec Kusina. Tunupa pleura abondamment et tandis qu’elle nourrissait au sein son enfant, ses larmes mélangées au lait maternel créèrent le salar. Le volcan Tunupa est encore aujourd’hui considéré par la population comme une importante divinité.


1
2

1 et 2 - sieste et repas sur le salar

Dominant de 120 mètres l’étendue plate du désert, l’Isla de los Pescadores (l’île des pêcheurs), connue aussi sous le nom inca d’Incahuasi, fait partie des quelques collines qui sont autant de sommets d’anciens volcans. Elle est composée de 24 hectares d’une roche abrasive, mélange de coraux et de fossiles. De nombreux tunnels naturels et plusieurs petites ruines incas peuvent être découverts, mais le clou de la visite, outre le panorama exceptionnel sur le salar, est cette incroyable forêt (près de 10 000 individus) de cactus géants (plusieurs espèces du genre Echinopsis).

 

1

2

1 - Julien au pied d’un specimen particulièrement imposant d’Echinopsis atacamensis, grand cactus sud-américain
2 - Caiophora chuquitensis, aux fleurs oranges entièrement couvertes de piquants


il est tentant de s’amuser des perspectives du salar…


Entre terre et ciel…


le soir tombe sur le salar


vue sur le salar depuis l’île

[full_width]
Bolivie - le plus fou des déserts : Uyuni Bolivie - le plus fou des déserts : Uyuni Reviewed by RENOULT on 18 novembre Rating: 5

Aucun commentaire: