BREAKING NEWS

[4]

Italie- Florence, capitale des Arts

Florence... capitale de la culture pourrait-on dire, musée en plein air, centre de la Renaissance... C'est une ville à la richesse hallucinante, avec un concentré de chefs-d'oeuvres unique au monde. Une de nos cités préférées également. C'est un régal d'arpenter ses rues, de pousser les portes de ses palais séculaires, d'admirer les oeuvres des nombreux musées. Alors certes, on pourra trouver parfois les extérieurs des bâtiments un peu austères - il ne faut pas oublier que l'aspect forteresse et massif de bon nombre d'entre eux est lié à l'histoire de la ville - , qu'il n'y a pas assez de places avec des fontaines riantes comme à Rome, mais une fois à l'intérieur... Florence fut le centre des Arts, là où tout s'est joué, mettant fin au Moyen-Age. Les bannis étaient envoyés, sous les Médicis, à Rome précisément, qui était sale à l'époque, mal fréquentée, avec des vaches paissant au beau milieu des ruines antiques. Non, c'est vraiment à Florence que tout s'est joué, et que les plus grands artistes de cette époque ont, ensemble, proposé à la fois un retour à l'Antiquité fastueuse et une vraie Renaissance de la culture, mettant l'Homme au coeur de l'histoire.

vue de Florence
Vue de Florence depuis la place Michel-Ange. On devine à gauche le Palazzo Vecchio, puis le dôme de la chapelle des Médicis. La cathédrale enfin, avec le campanile de Giotto et l'immense coupole. 


 Sommaire
  • petite histoire ici
  • Duomo et Baptistère ici
  • Piazza della Signoria ici
  • Loggia dei Lanzi ici
  • Palazzo Vecchio ici
  • Ponte Vecchio ici
  • Palazzo Pitti ici
  • Palazzo Medici Riccardi ici
  • Basilique San Marco ici
  • Basilique Santa Croce ici
  • Basilique Santa Maria Novella ici
  • Abbaye San Miniato al Monte ici
  • Chapelle des Medicis ici
  • Eglise Orsanmichele ici
  • Musée des Offices ici
  • Musée de l'Académie ici
  • Musée du Dôme ici
  • Musée du Bargello ici


Petite histoire

Au départ, rien ne laissait présager du devenir incroyable de la cité. Cette petite bourgade fondée par les Romains au bord du fleuve Arno ne se développe guère durant des siècles. Ce sont les riches familles de marchands qui vont changer la donne, avec également les banquiers, qui créent au XIIIème siècle la monnaie qui deviendra une des plus importantes du Moyen-Age : le florin. Parmi les plus célèbres clans qui vont dominer la ville, ce sont les Médicis qui vont marquer le plus leur temps. Toute la ville que l'on visite aujourd'hui porte leur marque. Mais il ne faut pas oublier les autres grandes figures politiques : Savonarole, les Pazzi, les Rucellai, et bien entendu tous les artistes qui ont fait de Florence le fleuron du monde occidental. 



Duomo et Baptistère

Le Duomo, ou cathédrale Santa Maria del Fiore, est le coeur de la ville, et certainement son monument le plus fameux. Elle fut, dès la fin de son édification au XVème siècle, la plus grande église au monde (de nos jours la troisième derrière Saint-Pierre au Vatican et Saint-Paul à Londres). Ce sont les seigneurs de Florence qui la voulurent dès le XIIIème siècle, et de grands noms se sont succédé pour ce projet pharaonique qui dura 150 ans : l'immense Giotto notamment pour le campanile, et Brunelleschi pour la coupole, qui demeure le plus grand dôme de maçonnerie jamais édifié ! Cette coupole, gloire de Florence, est peinte de 3600 mètres carrés de fresques, là encore un record. 

cathédrale de Florence
Vue d'ensemble avec la façade, sublime, de la cathédrale au centre, le campanile de Giotto à droite, et le baptistère à gauche. C'est simple : on reste scotché devant une telle harmonie ! 


Ce qui marque avant tout quand on se tient devant l'ensemble, c'est la remarquable unité qui s'en dégage, grâce à l'utilisation du marbre blanc de Carrare, de marbre vert de Prato, d'un marbre rose et de carreaux de terre cuite. Le visiteur ne sait où donner de la tête devant une telle profusion de détails. La façade, inachevée à l'époque du premier architecte Arnolfo di Cambio, ne fut décorée qu'en 1871 après le lancement d'un concours international. 

façade Notre Dame dei Fiore Florence
Mosaïque de la lunette du portail central, du XIXème siècle seulement. Le Christ est intronisé avec Marie et Saint Jean-Baptiste. 

Détail de la lunette centrale
cathédrale de Florence cathédrale
Vue d'ensemble de la façade avec le campanile dominant l'édifice.


Annonciation de David Ghirlandaio
Annonciation de David Ghirlandaio sur le côté Nord. 
La mosaïque est d'époque, contrairement à celles de la façade : 1491. 


Flanc Sud de la cathédrale avec vue sur le Dôme. 
Les fenêtres à meneaux sont d'Arnolfo. 
C'est ce côté qui a été le premier à être édifié dès le XIIIème. 
Notez l'alternance des trois marbres blanc, vert et rose. 

Pénétrons maintenant à l'intérieur de la cathédrale. Le plan est celui d'une basilique à trois nefs. C'est immense (153 mètres de longueur) mais la première impression est celle d'un grand dépouillement. C'est austère, triste pour tout dire, immensément vide, ce qui met en valeur les frêles piliers comme une "forêt de colonnes " voulue par l'époque gothique. Le sol en marbre polychrome, dont on verra un exemple plus loin, est somptueux lui. La plupart du mobilier et des décorations se situent dans le musée de la Cathédrale (voir plus loin). 

coupole dôme Florence
L'immense décoration à fresques de la coupole, commencées par Giorgio Vasari et achevées par Zuccari. 


C'est bien entendu la coupole qui retiendra toute votre attention : levez les yeux et admirez le travail. La forme est octogonale, tout comme le baptistère que nous visiterons tout à l'heure. A l'origine, la décoration était prévue en mosaïques, mais nous arrivions à une époque où cette technique était de moins en moins utilisée, et elle était de surcroît extrêmement coûteuse. Le poids enfin a pu jouer en faveur des fresques, même si cela aurait été négligeable quand on connaît celui, astronomique, du dôme : 25 000 tonnes ! ). 

Alors de quoi parlent-elles, ces fresques ? Nous sommes en 1572, en plein courant maniériste, et le thème retenu par le grand-duc Cosimo Ier de Médicis est celui du Jugement Dernier. Vasari s'est attelé à la tâche, mais à sa mort, seul le premier tour des bandes concentriques avait été terminé. C'est Zuccari, avec de nombreux assistants, qui acheva le tout. Six cercles concentriques forment la fresque.

nef cathédrale Florence
La triple nef et un ensemble très épuré. 
On devine le départ de la coupole au fond.
coupole cathédrale de Florence
Vue d'ensemble de la coupole. On voit bien les six cercles concentriques.


Le Christ en gloire est placé entre la Vierge et Saint Jean. 


cathédrale de Florence sol en marbre
Le magnifique sol en marbre polychrome.

Face à la cathédrale, voici le fameux baptistère. De son nom baptistère San Giovanni Battista, c'était à l'époque le lieu d'investiture des chevaliers et des poètes. On retrouve l'alternance des marbres que l'on a sur la cathédrale. Son diamètre est de 25 mètres. Comme la coupole de l'immense vaisseau qui lui fait face, son plan est octogonal, comme il est de coutume dans l'architecture byzantine (le huitième jour de la semaine symbolise dans le Nouveau Testament la résurrection et l'Eternité). C'est un édifice immense, car on devait accueillir une foule importante uniquement lors de deux dates annuelles. 

baptistère Florence
Vue extérieure : on note l'alternance du marbre blanc de Carrare et le marbre vert de Prato. De nombreux rectangles sont coupés au centre par trois arches dans lesquelles sont incrustées des fenêtres. La porte principale, à droite, celle du Paradis, est placée face à la cathédrale. Deux autres portes sont placées autour de l'édifice. 


Les trois fameuses portes du baptistère sont aujourd'hui conservées au Musée de la cathédrale (voir plus bas dans cette page pour les photos). Elles sont en bronze, incroyablement décorées, et racontent l'histoire de l'Humanité et de la Rédemption, rien de moins que ça, au cours d'un programme figuratif avec un ordre narratif bien établi : la porte Est relate les histoires de l'Ancien Testament, la porte Sud celle du Baptiste, et la porte Nord le Nouveau Testament. 

La plus célèbre, celle de l'Est, est appelée Porte du Paradis. Elle fut réalisée, comme la porte Nord, par Lorenzo Ghiberti au XIVème siècle. La porte est divisée en dix grands rectangles disposés sur cinq rangées. De part et d'autre, des têtes de prophètes sont sculptées en relief. C'est incroyable ! Nous sommes donc dans des histoires tirées de l'Ancien Testament. Les portes furent gravement endommagées suite à de grosses inondations en 1966 et ce que les visiteurs admirent aujourd'hui sont des copies ! Alors n'hésitez pas à aller au Musée de la Cathédrale, ils ont les portes originales. 

porte Paradis Baptistère Florence
Détail d'un panneau de la porte du Paradis. Ici, Josué. 



porte Paradis Baptistère Florence
Détail d'une des têtes de prophètes en relief. 


porte Paradis Baptistère Florence
Joseph vendu par ses frères, puis leur pardonnera. 

Allez, entrons ! Et là, avouons-le, petite déception. C'est très sombre déjà, la fameuse coupole n'est pas bien mise en valeur, et nous avons préféré d'autres baptistères comme celui de Parme ou ceux de Ravenne. La décoration intérieure s'inspire des monuments de la Rome antique, comme le Panthéon. Elle est divisée, comme l'extérieur, en trois parties, avec une galerie courant au milieu. La partie basse quant à elle est entrecoupée de pilastres dorés. 

baptistère Florence
Vue d'ensemble de l'intérieur avec l'abside et ses mosaïques. 


Ce sont les mosaïques de la voûte qui sont les plus précieuses : elles remontent au début du XIIIème siècle !  Huit segments au total sur un fond doré. Au centre, une succession d'anges. Puis, allant vers l'extérieur, le Jugement dernier dominé par l'immense figure du Christ juge. Juste sous ses pieds a lieu la Résurrection des morts, avec à sa droite l'accueil au ciel des justes, et à sa gauche l'Enfer peuplé de démons.

Mosaïque de la voûte, vue d'ensemble. Les travaux ont duré une cinquantaine d'années et l'entreprise dut être bien difficile ! 

Vue d'ensemble de la voûte. 
Détail des mosaïques : la partie de la Genèse.
On devine le péché originel, la réprimande de Dieu ; 
l'Expulsion du Paradis
Dans la partie inférieure, histoire de Joseph
Le Christ Juge est assis sur les cercles du Paradis.
Une de ses mains pointe vers le haut, l'autre vers le bas,
afin de bien séparer les justes et les damnés. 
Des armées d'anges se trouvent de part et d'autre.
Les mosaïques de l'abside sont les plus anciennes, 1225.
Au centre, l'Agnus dei est représenté entouré de la Vierge, 
des Apôtres et des Prophètes.

Le magnifique campanile de Giotto est lui aussi un symbole de Florence. Le campanile (campana, ce sont les cloches) est donc le clocher de la cathédrale. C'est l'immense artiste Giotto di Bondone qui en devint le maître d'oeuvre dès 1334. Le campanile est, d'une manière inhabituelle, parfaitement aligné sur la façade de la cathédrale. Monter au sommet permet d'avoir une belle vue sur Florence et la coupole du Dôme. Il faut pour cela monter les 398 marches et 82 mètres de hauteur. 

campanile de Giotto
Campanile. Les bas-reliefs de la base, que l'on aperçoit sur la photo dans les losanges à l'intérieur des rectangles de marbre rose, sont un des meilleurs ensembles figuratifs du Moyen-Age. Les originaux sont conservés au Musée de la cathédrale. Au niveau supérieur, Andrea Pisano a créé seize niches pointues contenant chacune une statue, dont certaines constituent des chefs-d'oeuvre de la Renaissance, comme celles de Donatello. Là encore, direction le musée pour les originaux.


On doit à Giotto l'alternance des marbres (blanc vert et rose) et le cycle figuratif de la base. Jusqu'à sa mort c'est lui qui a géré le projet. Son successeur fut Andrea Pisano qui poursuit le travail. Enfin, après une longue interruption due à la peste noire, Franceso Talenti achève l'édifice. Douze cloches ont été placées au sommet. 

Chapelle Médicis vue depuis le sommet du campanile. 
Coupole du Dôme avec la lanterne sommitale. 




Piazza della Signoria

La place de la Seigneurie est la plus célèbre de Florence. Elle fut le coeur de la vie sociale de la ville. Haut lieu chargé d'histoire, c'est notamment ici que fut brûlé le moine Savonarole, en lieu et place de son fameux bûcher des vanités ; mais nous reparlerons plus loin de ce personnage important dans l'histoire de la ville. Bien entendu, la place doit sa renommée à son bâtiment le plus fameux qui la domine, le Palazzo Vecchio, du XIVème siècle, édifié afin d'offrir aux marchands qui détenaient le gouvernement de la ville un siège digne de leur puissance, afin de les déplacer du Bargello. 

Palazzo Vecchio Florence
Le Palazzo Vecchio domine la ville. La tour de l'horloge domine à 94 mètres ! A droite, la loge des Lanzi. A gauche, la fontaine. 


La place dans son ensemble est un vrai musée à ciel ouvert, unique au monde. La plupart des oeuvres sont maintenant des copies, mais d'autres sont les originales. La plus célèbre est le David de Michel-Ange, dont on reparlera plus loin, et qui fut construite à l'époque tumultueuse de Savonarole. L'artiste voulait symboliser la lutte du peuple florentin (David) contre l'oppresseur (Savonarole / Goliath). Un peu plus loin, c'est encore la même histoire de symbolisme avec le Persée de Cellini : Persée, c'est la famille des Médicis coupant la tête de ses ennemis. Toute la place peut donc être vue comme une vitrine politique, avec un cycle allégorique laïque qui était sans cesse complété par les dirigeants. 

Statue équestre de Cosimo Ier, par Giambologna (1594).
Statue équestre de Cosimo Ier, par Giambologna (1594). 
Cosimo Ier fut le premier grand-duc de Toscane. 
C'est le célèbre Giambologna qui la réalisa, et ce fut la première statue équestre de la ville.
L'ensemble a été fondu en une seule pièce.
La fontaine de Neptune remonte au XVIème : c'est la première fontaine publique de la ville.
En marbre blanc, Neptune symbolise la domination maritime de la ville. 
De part et d'autre, assis sur un rocher, Charybde et Scylla. 


Giambologna, ou Jean de Boulogne, est un des artistes les plus en vue au XVIème siècle à Florence, ville dans laquelle ce sculpteur né à Douai mourra. Impressionné par les oeuvres de Michel-Ange qu'il a pu étudier lors d'un passage à Rome, c'est ici qu'il trouvera la protection des puissants. Ses oeuvres impressionnants peuvent être admirées en de nombreux endroits de la ville, mais aucune n'atteint la puissance de son Enlèvement des Sabines (voir plus bas). 

Fontaine de Neptune Florence
Neptune - détail de la fontaine



Loggia dei Lanzi

Donnant sur la place de la Signoria et accolée aux Offices, cette Loge abritait à l'époque le corps des gardiens du grand-duc Cosimo Ier, armés de lance, d'où le nom lanzi. Mais sa construction est plus ancienne, 1376, et l'espace servait à abriter les nombreuses assemblées publiques de la République florentine. C'est un édifice de style gothique. C'est au XVIème siècle qu'on se servit de cet endroit pour abriter des chefs-d'oeuvre de la sculpture, devenant ainsi un des tout premiers musées au monde... Comme expliqué plus haut, ces sculptures avaient une signification bel et bien politique, affirmant la puissance des familles en place. Si certaines sont des copies, d'autres, et non des moindres, sont des pièces originales d'une valeur inestimable. Un musée à ciel ouvert comme l'est Florence...

loge dei Lanzi
Vue d'ensemble de la loge dei Lanzi : deux lions en marbre (l'un à droite datant de l'époque romaine, celui de gauche remontant au XVIème siècle) accueillent les visiteurs. Les deux fauves montent la garde et, selon une très vieille tradition iconographique, protègent les lieux des forces maléfiques. On voit à gauche le célèbre bronze de Cellini, Persée. Au centre, sur le piédestal rectangulaire, une statue romaine représente Ménélas et Patrocle. 


Commençons par celui que j'estime être le véritable chef-d'oeuvre de cette loge, et, osons-le, une des plus grandes sculptures de l'histoire de l'art : l'enlèvement des Sabines de Giambologna (deux photos ci-dessous). Elle date de 1574 et mesure 4,10 mètres de hauteur. La composition est juste hallucinante, toute en torsions avec ce groupe de trois personnages tourbillonnant et s'élevant dans les airs. Imaginez le boulot pour imaginer et sortir un tel groupe d'un bloc de marbre ! Les détails sont incroyables, regardez par exemple la déformation du corps de la Sabine avec les doigts du romain qui s'enfoncent (photo de droite au niveau de la fesse). C'est tout bonnement stupéfiant. Coincé entre les jambes du Romain, un vieil homme désespéré, les yeux hagards. Giambologna reçut cette commandes des Médicis et a réalisé là un des fleurons du maniérisme. L'artiste a d'abord créé un modèle en terre, conservé au musée de l'Académie. Un seul bloc de marbre donc, pour trois personnages que l'on peut admirer en en faisant le tour. Une vision en spirale. 

D'après la légende relatée par Tite-Live, Rome, nouvellement fondée par Romulus, est en manque de femmes. Les Romains décident donc, afin d'agrandir leur population, de convier à des jeux leurs voisins les Sabins. C'est un piège : à un signal donné, les Romains se précipitent et s'emparent des femmes. Les hommes, venus à la fête non armés, sont massacrés pour certains, et s'enfuient pour les autres. Il s'agit d'un épisode fondateur pour Rome qui assoit ici sa domination sur l'Italie. On aura bien compris pourquoi les Médicis voulurent cette scène : c'est une allégorie de la République florentine (le vieillard) écrasée par les Médicis (le jeune homme) qui viennent sauver la ville  (la Sabine) pour un changement salvateur. 

Enlèvement des Sabines, Giambologna
Enlèvement des Sabines, Giambologna : vue de face
Enlèvement des Sabines, Giambologna
Enlèvement des Sabines, Giambologna : vue de face ; admirez la pression des doigts sur le corps de la jeune fille !


Hercule et le Centaure Nessus, Giambologna, 1598.
Hercule et le Centaure Nessus, Giambologna, 1598. 
Le héros saute sur le corps du centaure qui venait de tenter d'enlever son épouse Déjanire. 
Malheureusement pour cette dernière, le piège s'est refermé, 
le centaure ayant eu le temps de lui offrir
 une tunique empoisonnée qu'elle offrira à son époux, provoquant sa mort. 
 La encore notez la torsion puissante, caractéristique du mouvement maniériste. 
Le centaure est totalement plié par la puissance d'Hercule. 


Persée avec la tête de Méduse, Benvenuto Cellini, 1545.
Persée avec la tête de Méduse, Benvenuto Cellini, 1545. 

Le deuxième chef-d'oeuvre est Persée avec la tête de Méduse, de Benvenuto Cellini (photo ci-dessus, à droite). Il s'agit d'un bronze de 5 mètres de hauteur (avec socle). Contrairement aux bronzes antiques, ceux de la Renaissance, grâce à l'avancée des techniques, sont coulés en un seul jet. Nous sommes à une époque qui utilise beaucoup ce matériau, notamment à cause de la forte demande de cloches de toutes tailles. Donatello en particulier travaille à l'amélioration des connaissances de fonte, afin de concurrencer les immenses statues en marbre créées dans un seul bloc. C'est donc le cas avec ce Persée, dont le corps est constitué d'un seul morceau (un autre pour l'épée). Un autre morceau est le corps de Méduse au sol. Un dernier pour la tête. Cellini raconte lui-même l'épreuve épouvantable que fut la fonte de cette oeuvre, aidé de ses assistants. 

La thème est bien connu : Persée vient de réussir à décapiter Méduse, ce monstre à la chevelure faite de serpents, capable de pétrifier tous ceux dont elle croisait le regard (d'où l'expression "être médusé" lorsque l'on est pétrifié de surprise par quelque chose). Le message allégorique est clair : le duc Cosme, un Médicis, décapite la vieille République représentée par Méduse. Des serpents émergent de son corps sans vie, aux pieds du héros : ils représentent la discorde sous la République qui empêchait toute véritable avancée pour Florence. Signalons enfin que deux esquisses de l'oeuvre ont été conservées : une en cire, l'autre en bronze, toutes deux conservées au musée du Bargello. 




Palazzo Vecchio


Ce fameux palais qui domine la place est un monument civil, siège de la municipalité depuis le XIVème siècle. Il a changé plusieurs fois de nom, et l'adjectif "vieux" lui fut donné en 1565 lorsque la cour ducale déménagea pour un palais "neuf", le Palazzo Pitti. Bien entendu, l'édifice a connu de nombreux ajouts et modifications au fil des siècles. C'est encore une fois à Arnolfo di Cambio, architecte de la cathédrale et de la basilique Santa Croce, qu'est revenue la tâche de construire ce palais afin d'offrir aux magistrats une protection efficace en ces temps violents et incertains. 

L'entrée est massive (photo ci-dessous). Tout donne une impression de solidité avec ces larges pierres de taille. Les fenêtres à meneaux sont de style gothique. Depuis 1504, année de son achèvement, une des statues les plus célèbres de l'art sculptural s'y trouve et monte la garde : le David de Michel-Ange. Si, depuis 1873, on ne voit plus qu'une copie (l'originale a été déplacée au musée de l'Académie), c'est bien ici qu'elle doit se trouver, délivrant le message allégorique déjà évoqué plus haut de la puissance des Médicis écrasant la République vieillissante. 

David Michel ange copie Palazzo Vecchio
La copie du fameux David. 


Depuis la porte principale donnant sur la place, on accède à une première cour intérieure, conçue en 1453 par Michelozzo. Mais c'est un siècle plus tard, en pleine période maniériste, que la décoration exubérante, basée sur un projet de Vasari, fut réalisée. Sur la partie haute, au-dessus des colonnes, se trouvent les signes des guildes des arts et métiers de la ville, tandis que dans la partie basse de la galerie, contre les murs, sont représentées, en l'honneur de Jeanne d'Autriche, des vues de villes appartenant aux Habsbourg. Quant aux voûtes, elles sont décorées dans le style grotesque, très en vogue alors. 

cour intérieure Palazzo Vecchio
A la place de l'ancien puits se trouve aujourd'hui une fontaine en porphyre, conçue par Vasari.
cour intérieure Palazzo Vecchio
Reposant sur une base octogonale, le bassin accueille une statue en bronze (copie) de Verrocchio.

A l'intérieur, la pièce la plus fameuse, et la plus vaste, est le Salone di Cinquecento, d'une longueur de 54 mètres. Elle remonte à la fin du XVème siècle. C'est Savonarole, au pouvoir désormais à Florence en remplacement des Médicis, qui voulut cet immense espace afin qu'y siègent les cinq cent membres (d'où le nom de la salle) du Conseil. La déco a été refaite à l'époque de Vasari, fin XVIème, mais c'est dans cette salle que se trouvaient deux immenses fresques des deux peintres italiens les plus célèbres (voir explication encart ci-dessous). La salle a même servi au XIXème siècle pour réunir les parlementaires lorsque Florence était la capitale du Royaume d'Italie. Tout autour, de grandes fresques relatent les batailles (et les succès forcément) de la ville sur des ennemis de toujours Pise ou Sienne. Quant au spectaculaire plafond, ce sont 39 panneaux peints par l'atelier de Vasari et représentant des épisodes marquants de la vie de Cosimo Ier. Enfin, les six statues de marbre des deux côtés, que l'on voit bien sur la photo, représentent quelques-uns des travaux d'Hercule. 

Les deux géants de la peinture Michel-Ange et Léonard de Vinci se sont en quelque sorte affrontés ici, dans cette salle, s'occupant chacun de la décoration d'un mur, avec deux grandes fresques célébrant deux victoires de la République : Léonard a peint la bataille d'Anghiari sur 18 mètres de longueur tandis que Michel-Ange s'est attelé à celle de Cascina. Aucune des deux ne fut achevée néanmoins, Léonard s'essayant à une technique de l'encaustique qui s'est avérée désastreuse et son compère étant rappelé à Rome par le pape Jules II alors qu'il n'en n'était qu'au carton préparatoire. 

 

sallon des cinq cent Palazzo Vecchio Florence
Vue d'ensemble de la salle dei Cinquecento

salle des éléments Palazzo Vecchio
La salle des Eléments fait partie du quartier des éléments, appartements composés de cinq chambres et de deux loggias qui étaient les quartiers privés de Cosimo Ier. Comme le nom le suggère, la décoration, oeuvre de l'atelier de Vasari, est faite de peintures allégoriques mettant en scène les éléments. On voit ici l'Eau avec la Naissance de Vénus. 

salle des lys Palazzo Vecchio
La grande salle des lys est décorée... de lys, emblème de la couronne de France. On en trouve sur le plafond à caissons ainsi que sur les murs, et il s'agit d'un hommage à la province de l'Anjou, qui à l'époque soutenait les guelfes. Le mur du fond que l'on voit ici est décoré de fresques de Domenico Ghirlandaio en 1482 : elles représentent l'apothéose de San Zenobe et le cycle d'hommes illustres : dans la lunette de gauche, trois personnages de l'Antiquité, Brutus, Mucius Scaevola et Furio Camillo avec son drapeau. Dans la lunette de droite, Decius, Scipion l'Africain au centre et Cicéron. Le bronze de droite est un chef-d'oeuvre de Donatello : Judith et Holopherne, de 1453. 

Décoration de stucs.
Plafond du studiolo de Francesco Ier. Encore une fois de Vasari, c'est un petit chef-d'oeuvre ! 
Les murs et les voûtes sont entièrement recouverts de fresques, de stucs et de sculptures.
La plupart des peintures représentent les quatre éléments. 


Autre vue du studiolo : c'est dans cette petite pièce que le grand-duc aimait se retirer 
dans la solitude afin de cultiver son intérêt pour les sciences mais aussi l'alchimie. 


Salle des cinq cents : vue des fresques mettant en scène les victoires de Florence.


Plafond de la salle des cinq cents. 


Salle de Cosme l'Ancien  : au plafond, retour de Cosme de l'exil avec ses fils. 


Chambre de Laurent le Magnifique. Au centre, Laurent reçoit l'hommage des ambassadeurs. 


Autre salle.


Salle verte. Les grotesques sont de Ghirlandaio. 


Chapelle d'Eleonore, entièrement peinte à fresque par Bronzino : déposition du Christ au fond, 
Passage de la mer Rouge sur le mur de droite. 


Le masque mortuaire de Dante est une des stars du Palazzo Vecchio, 
puisqu'il fut volé dans  le livre Inferno de Dan Brown. 
On a longtemps pensé qu'il s'agissait du véritable masque  de mort de l'artiste, 
mais on pense aujourd'hui que c'est le plâtre d'une effigie sépulcrale perdue. 
Il fut sculpté à la fin du XVème siècle avant d'être offert à Giambologna qui 
le légua à son tour pour qu'il devienne un modèle d'étude. 


Salle des audiences : le plafond est décoré d'or pur. 


Salle des cartes géographiques, dans laquelle les Ducs conservaient leurs biens précieux. 
Les portes des armoires sont peintes de nombreuses cartes du XVIème siècle.
Au centre, le célèbre globe Mappa mundi, de 1581, plus grand au monde à l'époque. 


Détail de cartes. 




Ponte Vecchio

Pont le plus fameux de la ville, enjambant l'Arno en son point le plus étroit, entre le Palazzo Pitti et les Offices, le Ponte Vecchio est un passage couvert le long de ses trois arches. Dès l'époque romaine il y avait un pont, en bois, qui fut par la suite détruit. Ce n'est qu'en 1345, à la suite de nombreuses crues, qu'il fut décidé d'utiliser la pierre. 

La caractéristique du Ponte Vecchio est la présence de toutes ces boutiques, initialement occupées par des bouchers et des tanneurs. Mais ça sentait très mauvais, et, à la fin du XVIème siècle, Ferdinand Ier de Médicis les remplace par des joailliers et des bijoutiers, ce qui sentait meilleur... Au-dessus du niveau de la route et des boutiques court le corridor de Vasari, dont on voit les fenêtres sur la photo. Grâce à lui, les Médicis pouvaient passer sans danger entre le Palazzo Vecchio et le Palazzo Pitti via les Offices. Pour la petite histoire, Hitler, dit-on, était tellement impressionné par ce pont qu'il a donné l'ordre de ne pas le détruire, après une visite qu'il fit de plusieurs bâtiments de la ville. 

Ponte Vecchio
Ponte Vecchio, vue d'ensemble avec les boutiques en suspension au-dessus de l'eau. 

Sur le pont ; sur la gauche, on devine le buste de Benvenuto Cellini, placé ici en 1900
pour marquer les quatre cents ans de sa naissance. 
Vue du pont depuis l'ouest.



Palazzo Pitti


Le palais Pitti est le monument le plus important de la rive sud de l'Arno. Cette immense bâtisse remonte au milieu du XVème siècle et était alors la résidence de Lucas Pitti, un riche banquier de la ville. C'est ensuite qu'il fut racheté par la famille Médicis pour devenir la résidence principale des familles dirigeantes du duché de Toscane. Durant des générations, la famille a amassé une quantité phénoménale d'oeuvres d'art. Après avoir brièvement servi de base de pouvoir par Napoléon, il fut donné au peuple italien par le roi Victor Emmanuel III après la première guerre mondiale. Il abrite aujourd'hui un complexe de plusieurs musées. 

Comme bon nombre de monuments de la ville, l'aspect extérieur est massif et austère, avec les grandes pierres de taille. 

Façade extérieure du Palazzo Pitti.
Façade extérieure du Palazzo Pitti.

cortile principal Palazzo Pitti
Le cortile principal, ou grande cour, relie la façade principale aux jardins de Boboli à l'arrière. 

Parmi les musées à visiter, nous avons fait la galerie Palatine et les appartements royaux. 

La galerie Palatine est la principale du palais, avec ses 28 salles richement décorées, surchargées même, de centaines d'oeuvres d'art, du sol au plafond ! L'essentiel est de la période Renaissance, et fait partie des collections privées de la famille Médicis. On peut y admirer de nombreuses toiles de Titien ou Raphaël par exemple. Toutes les oeuvres sont restées accrochées telles quelles, sans aucune logique chronologique ni panneaux explicatifs. Il est donc très difficile pour le visiteur de s'y retrouver, et on déambule parmi les salles en se rendant bien compte en revanche de l'agencement originel. C'est Pierre de Cortone qui a décoré les pièces les plus riches, dans le plus pur style baroque. On peut y trouver des salles à thème, comme celles des planètes, dédiées à Vénus, Apollon (Soleil), Mars, Jupiter (salle du trône des Médicis) et Saturne. Tout est fait vous imaginez bien afin de célébrer la toute puissance de la famille. 

Quant aux appartements royaux, il s'agit d'une suite de quatorze chambres utilisées par les Médicis puis leurs successeurs. Beaucoup furent modifiées au XIXème siècle. Ces pièces sont adaptées, contrairement à celles de la galerie Palatine, à une vie quotidienne, et sont par conséquent plus petites et intimes, même si richement décorées également. 

chambre d'Hercule Palazzo Pitti
Chambre d'Hercule. Cette pièce, qui faisait partie des quartiers privés de la grande-duchesse de Médicis, fut réaménagée au début du XIXème siècle par Elisa Baciocchi, soeur de Napoléon, en salle de réception. Le cycle de peintures renvoie aux histoires mythologiques d'Hercule. Tout est dédié au héros : son mariage avec Hébé au plafond, des exploits dans les dix fresques monochromes, et quatre immenses peintures sur les murs, dont l'étranglement des serpents ou la bataille contre les Centaures. 

Salle de l'Iliade avec les Dieux de l'Olympe au plafond. 

Chambre de Mars, avec essentiellement des toiles de Rubens. Sur la voûte, Triomphe des Médicis de Pierre de Cortone.

Galerie des statues
Chambre de Castagnoli
Salon des allégories

Galerie Poccetti
Salle de bain de Napoléon
Salle du poêle
Plafond de la salle de l'Iliade
Chambre de Saturne
Chambre de Jupiter
Salle de Vénus Palazzo Pitti
Salle de Vénus : au centre, la Vénus Italica de Canova (1810) commandée par Napoléon. 
La salle des niches.
Salle du trône


Palazzo Medici Riccardi

Il s'agit d'un des plus importants palais de Florence, commandé par l'aîné de la famille, Cosme l'Ancien. (Quant au deuxième nom Riccardi, il vient d'une riche famille de banquiers qui acheta le palais au début du XVIIème) Il est situé dans ce que l'on a coutume d'appeler "le quartier Médicis" car la famille contrôlait tout le secteur, depuis les églises de San Lorenzo et San Marco, jusqu'à la cathédrale. S'il fit appel dans un premier temps au savoir-faire de Brunelleschi, le créateur de la coupole du Dôme, il changea d'avis, estimant que le projet proposé était bien trop luxueux et aurait attisé la jalousie de bon nombre de familles. Il opta pour une architecture plus simple... de l'extérieur tout du moins ! Encore une fois à Florence, l'austérité extérieure cache de somptueux trésors et un luxe inouï dedans. Tout s'organise autour d'une cour carrée que l'on voit ci-dessous, avec de délicates colonnes corinthiennes. 

cour Palazzo Medici
La cour intérieure du palais avec son portique à colonnes. Au-dessus, des médaillons contenant des armoiries des Médicis avec de nombreuses illustrations mythologiques. Plus haut encore, les fenêtres à meneaux surmontées d'une frise. 


La salle la plus spectaculaire du palais, qui vaut à elle seule la visite, est la Chapelle des Mages, chef-d'oeuvre du florentin Benozzo Gozzoli. Attention les yeux ça pique ! L'intégralité de la chapelle est couverte de fresques peintes pour la famille vers 1459 ; elles sont dans un état de conservation remarquable et on ne sait où donner de la tête. Tout est somptueux, du plafond en bois au sol en mosaïque de marbre, avec du porphyre, des granits... bref, il fallait pour les Médicis égaler la magnificence des basiliques romaines et des monuments byzantins. 

L'immense partie des murs raconte le voyage des Mages  : sur trois côtés, chacun des trois rois voyage ainsi vers Bethléem pour voir la Nativité de Jésus. Ce thème profondément religieux est mêlé à l'histoire de la famille et de certaines personnalités importantes lors de leur arrivée à Florence pour le Concile de 1438. C'est donc un mélange de sacré et de profane. Les détails sont hallucinants, jusqu'aux arbres chargés de fruits, les prairies parsemées de fleurs etc... Le décor de l'abside, quant à lui, s'intéresse à l'adoration des Anges. Le peintre Gozzoli s'est inspiré de son maître Fra Angelico. 

chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Vue du mur Est : Caspar, le plus jeune des trois mages, est juché sur son cheval blanc (les traits représentent peut-être le jeune Laurent). Il mène la fin de la procession. Les paysages sont travaillés avec force détails. 

chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Vue du mur Ouest : une longue procession accompagne le vieux Melchior
chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Mur Ouest : page avec un guépard
chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Détail du mur Est vers la fin de la procession.
chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Le mage Caspar.
chapelle des Mages palazzo Medici Riccardi
Abside de la chapelle : de part et d'autre, deux choeurs d'Anges
Une salle de réception.
Détail de la galerie des miroirs peints.
Détail de la galerie des miroirs peints - plafond

L'autre grande pièce à ne pas manquer dans le Palazzo est la Galleria degli Specchi. C'est une grande galerie des glaces conçue par Luca Giordano dans les années 1680 comme une gloire du mouvement baroque. Toute la voûte est une allégorie de la puissance des Médicis (bizarre non ?) Au centre, dans les nuages, Jupiter en personne est entouré de membres glorieux de la famille. 

Vue d'ensemble de la galerie des glaces.  Palazzo Medici Riccardi
Vue d'ensemble de la galerie des glaces. 

Fra Filippo Lippi - Madone et enfant - 1466
Fra Filippo Lippi - Madone et enfant - 1466 - détail ; 
la madone est représentée en demi-buste devant une niche en forme de coquille. 
L'enfant se tient debout sur un parapet en marbre.



Basilique San Marco

La basilique de San Marco faisait à l'origine partie du grand complexe du couvent de San Marco dans lequel ont travaillé et vécu des personnages importants du XVème siècle : Cosme l'Ancien, Savonarole ou Fra Angelico. La façade que l'on voit aujourd'hui (photo ci-dessous) est assez récente, 1777, divisée en trois bandes séparées par des pilastres doubles. Ce n'est pas pour l'église que l'on vient ici, mais pour admirer les nombreuses cellules du couvent dominicain peintes par l'artiste italien Fra Angelico. Et là, disons-le clairement, c'est un grand moment !  

San Marco Florence façade
Façade de San Marco


A l'origine, ce sont les bénédictins qui s'étaient installés ici avant 1300 (on a d'ailleurs retrouvé quelques traces de fresques de cette époque) mais ils ont reçu l'ordre de quitter le complexe après avoir manqué à plusieurs règles monastiques. Du coup, le pape de l'époque a laissé s'installer des dominicains, une décision appuyée par Cosme de Médicis qui, depuis son retour d'exil en 1434, souhaitait qu'une telle communauté s'installe à Florence. Quand les moines sont arrivés, tout était laissé à l'abandon. Cosme se tourne alors vers un architecte de confiance des Médicis, Michelozzo, qui travaille d'arrache-pied durant cinq années : il réorganise les cellules, construit une salle du chapitre, ainsi que deux réfectoires. A l'étage, une grand bibliothèque percée de larges fenêtres pour apporter de la lumière accueillait les moines qui étudiaient les précieux livres collectionnés par la famille. 

Le point culminant dans San Marco sera évidemment la visite des cellules de moines, toutes décorées par Fra Angelico. On verra également la cellule de Savonarole, figure incontournable de l'histoire de Florence.

Tout débute par le cloître principal qui ordonne l'ensemble (photo ci-dessous à gauche). Il fait partie des ajouts de Michelozzo au XVème siècle. On trouve autour l'accès à l'église, à la salle capitulaire et au réfectoire.

Cloître de Saint-Antoine
Cloître de Saint-Antoine
Réfectoire : il abrite aujourd'hui des oeuvres d'art, dont San Domenico et les frères servis par les anges
de Giovanni Antonio Sogliani, que l'on aperçoit tout au fond. 
Crucifixion avec les Saints - Fra Angelico - 1441
Crucifixion avec les Saints - Fra Angelico - 1441
Crucifixion avec les Saints - Fra Angelico - 1441 - détail

La visite se poursuit avec la salle capitulaire, décorée de fresques de Fra Angelico, et notamment sa grande Crucifixion avec Saints, datée de 1441 (voir les deux photos ci-dessus). Cette immense oeuvre de presque dix mètres de longueur pour cinq de haut fut réalisée à l'époque où Angelico fut appelé par Cosme de Médicis pour décorer l'ensemble de San Marco. Il y travailla de nombreuses années, avec une interruption de cinq ans pour un séjour à Rome. Cette Crucifixion est d'ailleurs sa seule oeuvre à San Marco qui puisse être datée avec certitude car nous avons conservé un document expliquant que durant les travaux le chapitre devait se réunir dans la Sacristie. 

Il s'agit d'une scène de Crucifixion un peu particulière, car au lieu des personnages habituellement présents au Calvaire, nous avons ici un ensemble de Saints qui ont vécu à des époques très disparates : il faut donc voir l'ensemble comme une peinture allégorique. Sur un fond dénudé et désertique, comme c'est souvent le cas chez ce peintre, et sur un sol brun, se détachent les trois croix de Jésus et des deux larrons. La croix de Christ est surmontée d'une grande inscription en hébreu. Au pied du calvaire, on retrouve un élément typique de ce genre de scène, le crâne d'Adam, symbole de l'Humanité perdue. A gauche (photo de droite pour le détail), un groupe de personnages se lamente, avec trois femmes et Saint Jean. Quant au reste des Saints, on peut les séparer en deux groupes : les protecteurs de la ville de Florence à l'extrême gauche ainsi que des membres des Médicis ; à droite, des Saints religieux comme San Marco, San Lorenzo, Saint Augustin ou Saint Benoît. Sur le cadre supérieur de la lunette se trouvent dix petites figures de prophètes avec au centre un pélican, figure allégorique du Christ se sacrifiant en versant son sang pour le salut du genre humain. En bas enfin, les personnages dans les ronds sont une généalogie d'illustres dominicains. 

Annonciation Fra Angelico
Vue d'un des trois couloirs de moines au premier étage de San-Marco. A gauche, sur le mur, la fameuse Annonciation de Fra Angelico. 


Mais pour admirer l'oeuvre la plus célèbre du peintre, il faut monter les escaliers qui conduisent au premier étage, là où se trouvaient les cellules des moines, ainsi que la bibliothèque. L'architecte Michelozzo a créé de grandes surfaces murales lisses, particulièrement propices aux fresques, ce à quoi c'est attelé le peintre entre 1439 et 1443, faisant de San Marco le couvent le plus décoré au monde ! Tous les espaces collectifs, mais aussi privés, dans chaque cellule, ont reçu une fresque. Le prieur du couvent de l'époque considérait en effet la peinture comme un moyen éducatif extraordinaire, qui pouvait d'ailleurs aider à la méditation. Trois couloirs permettent d'accéder aux quarante-quatre cellules des moines. Et donc autant de fresques du maître qui développa un cycle inégalé d'histoires du Christ. Bon, les spécialistes de l'Art aujourd'hui doutent qu'il ait pu avoir le temps de tout réaliser lui-même, d'autant qu'il a dû, comme évoqué plus haut, partir quelques années au Vatican faire des fresques dans la basilique Saint-Pierre. 

Quoi qu'il en soit, pour cette Annonciation du couloir Nord, c'est bien lui qui l'a réalisée. C'est une de ses fresques les plus célèbres, et peut-être la plus belle jamais réalisée sur ce sujet, avec celle de Léonard conservée aux Offices (voir plus bas). Nous sommes dans un portique donnant sur une cour dominant un jardin clos (thème usuel de l'hortus conclusus qui symbolise la virginité de Marie), au-delà duquel on aperçoit un bosquet de cyprès. L'architecture est typique la Renaissance, et très dépouillée. Seuls les chapiteaux des colonnes sont travaillés. Marie est dans uns position d'humilité, acceptant tout en redoutant l'annonce, les bras croisés en signe de soumission. 

Annonciation Fra Angelico
Annonciation - Fra Angelico - années 1440-1450

Annonciation Fra Angelico
Annonciation - Fra Angelico - années 1440-1450 - détail Ange

Annonciation Fra Angelico
Annonciation - Fra Angelico - années 1440-1450 - détail Marie


Parmi les cellules, une se distingue des autres, par sa taille d'abord (photo ci-dessous) mais aussi par l'identité de son hôte. Ce sont en fait trois cellules connectées entre elles, une sorte de suite royale, destinée au prieur. Parmi les prieurs de San Marco, c'est Jérôme Savonarole qui nous intéresse ici, que nous avons déjà évoqué plus haut en visitant la Place de la Seigneurie. Il est temps d'en apprendre un peu plus sur cet homme qui joua un rôle important à Florence.

Savonarole est né à Ferrare en 1452. Très tôt, il s'intéresse aux Ecritures dans lesquelles il se plonge littéralement. Dès ses premiers écrits religieux transparaît son esprit critique et réformateur. Il dénonce la société de son époque qui, selon lui, part littéralement à vau l'eau. Il évoque le luxe impensable des églises, la richesse de certains prêtres. Il s'enfuit de Ferrare, rejoint la proche Bologne pour prendre l'habit de moine dominicain (l'ordre des mendiants), en vivant une vie ascétique des plus sévères. C'est en 1482 que l'Ordre l'envoie ici, à San-Marco. Ses journées sont partagées entre ascèse et études. Il débute une carrière de prédicateur intransigeant, s'attaquant devant des foules toujours plus nombreuses à la toute puissante famille Médicis, qu'il accuse de vivre dans le luxe. Laurent de Médicis le fait venir auprès de lui afin de canaliser cet ennemi éloquent et dangereux. Savonarole continue à critiquer l'Eglise, notamment les ventes d'indulgences, et se replie toujours un peu plus sur lui-même, au sein du couvent San-Marco qui pratique une austérité redoutable. Savonarole porte le cilice à pointes pour la mortification de son corps. Elu prieur du couvent, et occupant donc les trois cellules que l'on voit sur la photo ci-dessous, il souhaite une réforme profonde dans ses sermons enflammés. Ce sont les excès de l'Eglise qui l'horripilent, surtout à Rome, avec le sulfureux pape Alexandre VI Borgia. Il y a une légende intéressante à propos de Laurent le Magnifique, qui l'aurait fait venir sur son lit de mort pour confesser ses péchés. Il se serait excusé des exactions commises à son égard, ainsi que du sac de trois villes dont Volterra, et le massacre de la famille Pazzi. Savonarole lui aurait répondu qu'il devait faire trois choses pour être absous : avoir la foi dans le pardon de Dieu, rendre ce qu'il avait volé, et abandonner le pouvoir à Florence afin de laisser les habitants construire un gouvernement démocratique. A cette troisième injonction, Laurent se serait détourné de Savonarole en lui tournant le dos. Lorsque les Médicis furent renversés de Florence en 1494, le roi de France Charles VIII place Savonarole à la tête de la ville ! Devenu ennemi juré d'Alexandre VI à Rome et de Ludovic Sforza à Milan, il prend la main sur la jeunesse florentine et organise le fameux bûcher des Vanités, sur la place de la Seigneurie : il demande à tous de collecter de porte en porte tous les objets liés à la corruption spirituelle : miroirs, cosmétiques, livres non religieux, jeux, robes etc... tout est brûlé !! On a perdu à cette occasion des trésors inestimables de la Renaissance italienne ! Même des peintures de Botticelli que Savonarole aurait apportées en personne sur la place. Mais les habitants vont finir par se lasser de cette rigueur, ils veulent s'amuser, les tavernes rouvrent et Savonarole est accusé d'hérésie par le pape. Interrogé par l'Inquisition, il est torturé en prison et brûlé sur la place, au même endroit où fut élevé son bûcher des vanités... Sacrée histoire que celle de Savonarole. Mine de rien, Botticelli ne peindra plus de nus après cette histoire...

 

Cellule de Savonarole, et plus généralement des prieurs du couvent

Le Christ aux limbes : les fidèles s'échappent du Purgatoire pour rejoindre le Christ
ressuscité, fuyant des Démons qui hantent les anfractuosités des roches. 
Le sermon sur la montagne
Crucifixion
Crucifixion et le coup de lance : Saint Marc à gauche regarde
la croix placée en hauteur. A droite, Marie se détourne du Christ avec Marthe.
Crucifixion avec les larrons
le Christ sur le Mont des Oliviers
L'institution de l'Eucharistie
Crucifixion avec Vierge et Saint Dominique
l'Annonciation
le Baptême du Christ


Enfin, en redescendant, ne manquez pas le petit Réfectoire, qui aurait pu servir aux moines malades et soignés à l'infirmerie. Il contient une célèbre fresque, non pas de Fra Angelico cette fois, mais de Ghirlandaio, une Cène. De taille impressionnante, 400 sur 800 cm, la scène retrace avec beaucoup de détails le dernier repas du Christ. La table en forme de fer à cheval est placée sur fond de jardin avec de nombreux orangers. Judas, seul à être de dos, tient encore le pain que le Christ vient de partager. Derrière lui, un chat attend un peu de nourriture, mais c'est souvent un symbole négatif dans les peintures religieuses. 

la Cène, Ghirlandaio, 1486
la Cène, Ghirlandaio, 1486



Basilique Santa Croce


Plus célèbre basilique de Florence, Santa Croce est un immense complexe franciscain et un des plus grands édifices gothiques de tout le pays. C'est le Panthéon local, un lieu de prestige et de rencontre des plus grands artistes de la ville. Son édification débuta peu après la mort de Saint François d'Assise, vers 1294, sur les fondations d'une petite église dédiée au Saint. Durant sept siècles, Santa Croce fut modifiée, améliorée, et elle représente aujourd'hui la quintessence de l'art florentin.

Sa façade décorée n'existait pas à l'époque de sa construction, comme de nombreux autres édifices. Tout était en pierres apparentes, comme c'est encore le cas pour l'église San Lorenzo. La façade telle qu'elle apparaît de nos jours est donc récente, comme pour le Duomo, 1853 seulement. On utilisa du marbre blanc de Carrare et du marbre vert de Prato. 

basilique Santa Croce Florence
Façade de Santa Croce. On voit à gauche, sur la place, la statue de Dante. 


L'intérieur, vaste, est assez épuré. Les trois nefs sont divisées par des piliers octogonaux massifs. Celle du centre, très large, et longue de plus de 115 mètres, rappelle les basiliques paléochrétiennes de Rome. Les chapelles en revanche sont extrêmement décorées, et d'une richesse inouïe pour certaines. 

Nef principale de Santa-Croce
Nef principale de Santa-Croce


Santa Croce est un véritable cimetière d'hommes illustres. Que ce soit sur le sol ou sur les murs, il y a des centaines de tombes. La basilique a toujours été utilisée comme lieu de sépultures pour bon nombre de célébrités mais ce n'est qu'à partir du XIXème siècle qu'elle est devenue un véritable Panthéon. Certaines "stars" ont même été déplacées ici, comme pour le Pantheon parisien, comme Rossini par exemple. En tout, 15 000 cadavres sont enterrés ici ! Nous présentons ci-dessous certaines tombes parmi les plus célèbres. 

Tombe de Galilée
Tombe de Galilée, avec des bustes de personnalités de l'astronomie. En arrière-plan, les
fresques que l'on voit sont des vestiges de la décoration de la nef du XIVème siècle attribuées à Di Nardo.
Cénotaphe de Dante
Cénotaphe de Dante : il date de 1829. Il n'y a pas le corps de l'artiste, puisque c'est un cénotaphe, 
la ville de Ravenne ayant refusé de transférer les restes du génie italien. Le poète, au sommet, est 
entouré de deux figures allégoriques de la Poésie et de l'Italie.
Tombe de Nicolas Machiavel, l'auteur du Prince. Une allégorie de la Politique est assise sur l'urne funéraire.
Tombe de Rossini, transféré ici au tout début du XXème siècle. 
Tombe de Michel-Ange : la plus célèbre de Santa-Croce. Elle fut conçue par Vasari lui-même. Trois sculptures
représentent des allégories de la Sculpture, de la Peinture et de l'Architecture, toutes trois attristées par la disparition
du maître. Des fresques complètent l'ensemble.
L'Annonciation de Donatello
L'Annonciation de Donatello (1435) est un oeuvre en pierre dorée, et l'une des rares 
du grand maître de la sculpture à  rester à sa place d'origine. On l'appelle aussi 
l'Annonciation des Cavalcanti, du nom de la famille dont le tombeau devait en être orné. 
Les deux colonnes qui encadrent l'ensemble sont originales, avec des pattes de lion
à la base et des visages sur les chapiteaux. L'Annonciation prend place devant un riche 
décor rappelant le goût hellénistique. L'Ange et la Vierge sont en haut relief : cette dernière 
semble surprise, apportant une main à sa poitrine et tournant son visage vers l'Ange. Quant à lui, 
il la regarde avec un sourire, et semble l'encourager en  établissant un dialogue visuel, 
la bouche légèrement ouverte. La porte fermée en arrière-plan renvoie au Hortus 
conclusus ; il manque la colombe du Saint-Esprit qui est généralement présente 
dans l'iconographie traditionnelle.

La chapelle principale, Cappella Maggiore, de style gothique, est spectaculaire et couverte des fresques réalisées vers 1380 par Agnol Gaddi. Elles relatent des Histoires de l'invention de la vraie croix. Sur la photo ci-dessous, on voit le mur gauche au-dessus du polyptyque du maître-autel. Quatre scènes sont représentées : Sainte Hélène portant la croix à Jérusalem, Khorso II roi des Perses, le rêve de Constantin, et enfin Heraclius faisant décapiter Khorso. 

La chapelle principale. A l'extrême droite, la chapelle Peruzzi, peinte par Giotto. Au centre, la chapelle Bardi.


Les deux chapelles les plus importantes ne sont pourtant pas ici mais sur la droite, dans le transept (sur la droite de la photo ci-dessus). La chapelle Peruzzi et la chapelle Bardi, toutes deux décorées par Giotto en personne entre 1320 et 1325 ! Dans la chapelle Peruzzi, il raconte en fresques les histoires de Saint Jean Baptiste, et celles de de Saint François dans la chapelle Bardi. Ces deux décorations viennent en fin de carrière pour l'immense artiste qui  a totalement réformé l'art pictural occidental. Le maître va inspirer par la suite, et durant deux siècles, les artistes florentins, comme Ghirlandaio qui reconnaît d'en inspirer. 

Chapelle Castellani.

Chapelle Baroncelli
Chapelle Baroncelli dont les fresques furent réalisées en 1328 par Taddeo Gaddi, un élève de Giotto. Il reprend les innovations de perspectives du maître.


Poursuivons la visite de cet édifice immense ! Nous voici dans la sacristie (photo ci-dessous à gauche) du XVème siècle. Elle est entièrement couverte... de fresques ! (non mais quelle richesse...). Sur le mur du fond, des scènes de la vie du Christ comme cette Crucifixion centrale de Taddeo Gaddi. 

Sacristie de Santa-Croce
Sacristie de Santa-Croce
Crucifix de Cimabue, totalement ruiné par les inondations de 1966 !  L'oeuvre date de 1272...
Notez l'apparence cadavérique du Christ et le long corps sinueux. 
Sacristie - détail Crucifixion et Résurrection à droite, de Niccolo Gerini.
Détail Cappella Major


Crucifix de Donatello dans la chapelle Bardi di Vernio. 
Cappella Bardi, Giotto
Descente du Christ des Limbes - Agnolo Bronzino - 1552


La chapelle des Pazzi est un chef-d'oeuvre de Filippo Brunelleschi. Lorsqu'un violent incendie, en 1423, détruisit le dortoir ainsi qu'une grande partie de la bibliothèque, certaines familles se sont manifestées en donnant beaucoup d'argent pour reconstruire ce qui avait été perdu. Ce fut le cas de Pazzi, dont la richesse venait juste derrière celle des Médicis. L'édifice devait servir à l'enseignement des moines, même si bien entendu, l'arrière-pensée de ces généreux donateurs était de mettre leur marque dans un des monuments emblématiques de Florence. L'intérieur, vaste, comporte une coupole avec des médaillons en faïence représentant les quatre évangélistes. Les Pazzi furent massacrés lors d'une célèbre conjuration et la chapelle resta en l'état, inachevée. 

Complots de famille... Le complot en question a été mené par la famille Pazzi afin d'éliminer Julien et Laurent de Médicis, en décapitant ainsi les deux têtes de la famille la plus puissante de la ville. Le 26 avril 1478, jour de Pâques, au moment où le prêtre levait l'hostie en la cathédrale Santa Maria del Fiore, les Pazzi attaquent Julien et son frère qui étaient agenouillés. Julien succombe des coups de couteaux tandis que Laurent, blessé à la gorge, se réfugie dans la sacristie. Les participants au complot sont vite démasqués : 75 personnes sont exécutées durant quinze jours (on ne fait pas dans la dentelle), d'autres sont jetées dans l'Arno ou pendues dans le Bargello, qui fait alors office de prison. L'échec de cette conjuration va considérablement renforcer la popularité de Laurent, qui deviendra le Magnifique. Comme quoi l'Histoire se joue parfois à deux centimètres près...

 

Chapelle des Pazzi
Chapelle des Pazzi


Finissons par le Réfectoire, du XIVème siècle, car il possède une autre fresque très importante, en plus du Crucifix de Cimabue que l'on a vu plus haut : la Dernière Cène de Taddeo Gaddi. C'est en fait un ensemble de fresques que l'on peut ici admirer, datables vers 1355. On a longtemps pensé qu'elles étaient de Giotto, mais en fait non... Le mur est conçu comme un immense triptyque : une Crucifixion au centre représentée comme un Arbre de Vie ; une Cène en bas en guise de prédelle. Sur les côtés, deux paires de scènes : Saint Benoît dans la solitude, ainsi que Jésus au dîner des Pharisiens à gauche ; Saint François recevant les stigmates et Saint Louis de Toulouse à droite. 

L'arbre de vie est une liste des prophètes et évangélistes qui ont eu une influence dans la vie du Christ. 

Cloître du XIV ème siècle.
Entrée de la chapelle des Pazzi.


Basilique Santa Maria Novella


Elevée sur la basilique éponyme, la basilique Santa Maria Novella est un peu le pendant de Santa Croce : si cette dernière était le coeur des franciscains, Sta Maria Novella est le point de référence d'un autre ordre mendiant:  les dominicains. C'est en 1229 que quelques dominicains arrivèrent à Florence et obtinrent une petite église alors appelée Santa Maria delle Vigne car située au milieu des vignes. Quelques années plus tard, ils décident d'entamer un bâtiment plus vaste, qui débuta en 1279 pour durer plus d'un siècle. Les Rucellai, puissante famille de la ville, demandèrent à Leon Battista Alberti d'oeuvrer sur la porte centrale ainsi que la partie supérieure de la façade en marbre blanc et vert. Elle fut achevée en 1470. Vasari, un siècle plus tard, ajoute sa patte. 

C'est donc une façade particulièrement intéressante et ancienne qui nous est proposée ici, contrairement à celles du Duomo ou de Santa Croce, des ajouts bien tardifs. La partie la plus ancienne est constituée par les six arches au niveau du sol, qui contiennent chacune un tombeau. L'oculus supérieur a été ouvert dès 1367. C'est Alberti donc qui achève la partie supérieure avec le grand rectangle surmonté d'un fronton dans lequel se trouve le visage de l'enfant Jésus encadré dans un disque solaire. Sous ce fronton court une inscription qui rappelle l'année d'achèvement, 1470, ainsi que le nom du généreux donateur, Rucellai. 

Façade de Santa Maria Novella.
Façade de Santa Maria Novella. 


L'intérieur donne une impression d'espace ! C'est ici que furent utilisés à Florence les premiers éléments de l'architecture gothique, cistercienne en particulier. La nef mesure 100 mètres de longueur. Les voûtes des travées sont décorées de nervures bicolores, blanc et vert. Tout au fond de la nef, on voit l'immense Crucifix de Giotto, remontant à 1290. 

Nef de Santa Maria Novella avec le crucifix de Giotto au fond.
Nef de Santa Maria Novella avec le crucifix de Giotto au fond. 


Quand on se retourne pour regarder au-dessus du portail d'entrée, on a une lunette dans laquelle se trouve une fresque de 2 mètres sur 3 : Adoration de l'enfant de Sandro Botticelli, datée de 1476 (photo ci-dessous à gauche). Elle fut détachée de son emplacement d'origine, la chapelle de Giovanni di Zanobi, qui la commanda pour sa chapelle funéraire, ici à Sta Maria Novella, aux côtés de l'Adoration des mages du même peintre (conservé aux Offices). Marie, à gauche, se penche sur l'Enfant aux mains jointes qui semble vouloir se lever vers elle pour l'embrasser. Joseph veille à droite, comme à son habitude, endormi avec un bras posé sur une selle. Au centre, l'ouverture dans le mur laisse apparaître un boeuf et un âne, symboles des juifs et des païens, témoins de la naissance du Christ. Enfin, à gauche, un jeune homme se précipite : Jean-Baptiste. 

Sur la photo ci-dessous à droite, on a une vue d'ensemble de la chapelle Tornabuoni, la chapelle principale de la basilique. Elle contient un des cycles de fresques les plus importants de Florence, réalisé par Domenico Ghirlandaio et son atelier dans les années 1485. Toutes relatent la vie de la Vierge et de Saint Jean Baptiste. 

Adoration de l'Enfant, Sandro Botticelli - 1476
Adoration de l'Enfant, Sandro Botticelli - 1476
Chapelle principale de Santa Maria Novella
Chapelle principale de Santa Maria Novella


Trinité, Masaccio, 1425
Trinité, Masaccio, 1425


Crucifix de Giotto, 1290 environ.
Crucifix de Giotto, 1290 environ. 


Poursuivons avec les oeuvres-phare de la basilique. 

Ci-dessus à gauche, une des oeuvres d'art qui a le plus marqué la naissance de la Renaissance dans l'histoire de l'art : la Trinité de Masaccio, datée de 1425. Dernière oeuvre connue de l'artiste, qui mourut à 27 ans seulement, la Trinité a ébloui Vasari lui-même, notamment la perspective proposée avec cette voûte en demi-tonneau. Le thème est bien connu : le Père tient la croix du Fils. Mais cette oeuvre de Masaccio est la première à traiter le sujet avec un tel réalisme et avec ce fond architectural illusionniste. D'ordinaire, le fond est toujours doré ou bien avec un ciel. Ici, tout est architecture, et le raccourci de la voûte impressionna énormément les contemporains du peintre qui n'avaient jamais rien vu de tel ! C'est cette illusion d'optique qui fascina tant Vasari : en s'éloignant dans la nef, on jurerait que la fresque offre une ouverture sur une vraie chapelle. Autre changement : d'habitude, Dieu est assis sur un trône pour évoquer le Jugement, tandis qu'ici il est debout, soutenant le corps. Sur un même plan se trouvent donc les trois personnages de la Trinité : le Père tendant les bras, auréole en perspective sur la tête, le Fils, et la colombe du Saint-Esprit, blanche, qui semble entourer le cou du Père. Marie est debout à gauche, en face de Saint Jean. Elle semble regarder les spectateurs. Enfin, au premier plan, agenouillés, on trouve deux personnages grâce auxquels l'oeuvre a pu être réalisée. 

Ci-dessus à droite : autre oeuvre d'importance, et pas des moindres, le grand crucifix de Giotto au-dessus du maître-autel, une de ses premières oeuvres connue, alors qu'il était âgé d'une vingtaine d'années, et considérée comme une peinture majeure de l'histoire de l'art italien. Giotto innove, et abandonne l'iconographie traditionnelle du Christ cambré à gauche, pour le peindre dans une attitude bien plus naturaliste, le visage penché vers le bas, la tête alourdie par son propre poids. Sur les côtés des bras on retrouve la Vierge et saint Jean. A la base, on a des roches en perspective, arides, qui rappellent le mont Calvaire. D'après la tradition médiévale, le sang du Christ s'écoule sur le sol, s'infiltre dans la roche et parvient dans une cavité qui contient, on le voit bien sur la photo, les os d'Adam : c'est un symbole de la rédemption de l'homme du péché, grâce au sacrifice du Christ. 

chapelle Strozzi Santa Maria Novella Florence
La chapelle Strozzi est située dans le transept droit, et est célèbre pour les fresques de Filippino Lippi, réalisées entre 1487 et 1502. Les Strozzi étaient une puissante famille de Florence, revenue d'un exil de vingt ans à Naples pour renforcer sa position dans la ville. Célèbres banquiers, ils contactent le peintre Lippi pour qu'il élabore un vaste projet dans Santa Maria Novella. Le thème : relater la vie des Saints Philippe et Jean. .. Qui est Saint Philippe ? Mais c'est le banquier Philippe Strozzi bien entendu ! Sur la voûte, quatre patriarches sont représentés, dont Adam. Sur le mur de gauche, les histoires de Saint Jean : on y voit la résurrection de Drusiana tirée de la Légende dorée. D'un geste prodigieux, le Saint faire revivre la femme morte. La scène prend place devant un temple circulaire. Quant au mur du fond, il s'agit d'un magnifique exemple de trompe-l'oeil, avec une impression de relief rendue possible par les colonnes . En bas, deux anges tiennent des crânes et s'avancent vers une sorte de renfoncement qui contient une série de crânes et une inscription "Si vous ne méprisez pas cela - le crâne- vous vivrez". 

chapelle Bardi Santa Maria Novella Florence
Voici la chapelle Bardi. Ce sont des fresques très anciennes, puisqu'elle sont de Duccio di Buoninsegna, vers 1285. Les deux lunettes supérieures sur les côtés sont les plus vieilles. La chapelle est dédiée depuis 1335 à la famille Bardi. Les deux murs qui se font face sont dus à Dalmasio, courant XIVème. Quant à la toile au-dessus de l'autel en marbre, il s'agit de la Vierge au rosaire de Giorgio Vasari, 1569. 

chapelle Strozzi de Mantoue Santa Maria Novella
Chapelle Strozzi, située en face de la chapelle Rucellai. La chapelle est dédiée à Saint Thomas d'Aquin.
Les fresques sont de Nardo di Cione : le Paradis à gauche, le Jugement Dernier au fond, l'Enfer à droite.
Sacristie avec le placard des reliques au fond, du XVIème siècle.

Il existe plusieurs cloîtres à Santa Maria Novella, dont le cloître des morts, qui appartenait à l'ordre dominicain. C'est la partie la plus ancienne du couvent. A l'époque, c'était un cimetière, d'où le nom, et cette fonction a perduré durant des siècles. Deux côtés du quadrilatère sont voûtés avec des piliers octogonaux (voir photos suivantes). De nombreuses chapelles s'y trouvent également. 

cloître des morts Santa Maria Novela
Vers le cloître des morts : tous les murs sont parsemés de pierres tombales, souvent du XIXème siècle. Sur le dessus, des armoiries funéraires du XVIème. 

Cloître des morts avec ses deux côtés voûtés. 
Chapelle de l'Annonciation Santa Maria Novella
Chapelle de l'Annonciation, anciennement la chapelle funéraire Strozzi, avec ses deux murs peints 
de fresques attribuées à Andrea Orcagna : une Nativité et une Crucifixion. La voûte, sur fond bleu, 
montre quatre prophètes dans des quadrilobes. 

La chapelle des Espagnols est la pièce la plus spectaculaire de Santa Maria Novella ! Cette pièce à voûte unique est juste immense ! Elle est célèbre pour son cycle de fresques d'Andrea di Bonaiuto, du milieu du XIVème siècle. Elle a pris ce nom en 1566 lorsqu'une colonie espagnole s'est installée ici avec l'arrivée à Florence d'Eléonore de Tolède, mariée à Cosme de Médicis en 1539. 
Le cycle de cette pièce immense relate l'exaltation de l'ordre dominicain, en ce qui concerne la lutte contre l'hérésie pour le salut du christianisme. Sur le mur de gauche, Triomphe de Saint Thomas d'Aquin, père de la scolastique, placé sur un trône majestueux et entouré de personnifications allégoriques des vertus théologiques et cardinales. A leurs pieds, trois grands hérétiques vaincus dont Averroès.  En bas, quatorze stalles décorées avec des personnifications des sciences et des arts. Sur le mur face à l'entrée, une grande Passion du Christ au centre, encadrée à gauche du Voyage au Calvaire et, à droite, d'une descente dans les enfers

chapelle des Espagnols Santa Maria Novella
Vue d'ensemble de la chapelle des Espagnols. 



Voûtes croisées : les quatre voiles représentent  Saint Pierre dans le navire (droite),  la Résurrection (bas), 
l'Ascension (haut) et la Pentecôte (gauche).


Vue d'ensemble de la salle : sur le mur du fond, l'Eglise militante et triomphante.


Grand cloître du XVIème avec fresques sur les murs.


Cloître vert, 1350 décoré de fresques de Paolo Uccello sur fond vert. 



Basilique San Miniato al Monte

Nous voici à présent dans un des endroits les plus élevés de Florence. Grimper ici depuis les berges de l'Arno ça se mérite, mais la vue n'en est que plus belle sur les toits de la ville. Saint Miniato fut le premier martyr de la ville, dans les années 250. Il commença alors une vie d'ermite et fut décapité lors des persécutions antichrétiennes de l'empereur Decius. C'est à cet emplacement qu'on édifia l'église actuelle à partir de 1018. 

La façade est un des plus beaux exemples de style roman de Florence. Elle fut commencée au XIème siècle : la partie basse comporte cinq arches rondes soutenues par des colonnes en serpentine verte, tandis que les bases et les chapiteaux corinthiens sont en marbre blanc. Dans la partie supérieure, on devine avec les trois parties les trois nefs de l'intérieur. Une fenêtre est soutenue par des têtes de lion. Au-dessus, belle mosaïque du Christ entre la Vierge et San Miniato, réalisée en 1260. 

Façade de San Miniato al Monte
Façade de San Miniato al Monte

vue d'ensemble sur Florence
Vue sur la ville depuis le parvis de la basilique. 


L'intérieur est quelque peu inhabituel puisque le choeur est surélevé au-dessus de la crypte. On y accède par deux escaliers de part et d'autre de la nef. Au centre de la nef, une arche décorée d'incrustations en marbre relie les deux murs. Elle rappelle celle, au fond, de l'abside. Le sol, magnifique, date de 1207 et est un des mieux conservés de la ville. 

nef de San Miniato
nef de San Miniato

Abside avec sa grande mosaïque du Rédempteur entre la Madone et San Miniato, datée de 1297. On n'en connaît pas l'artiste, qui doit être le même que celui de la mosaïque extérieure. 

Mur de la nef
Nef depuis le choeur


Mosaïque de la façade.


Sol en marbre


Chapelle des Medicis


La chapelle des Médicis, accolée à la basilique "familiale" de San Lorenzo, est un ensemble de deux bâtiments : la nouvelle sacristie, construite et décorée par Michel-Ange, et la chapelle des Princes, que l'on voit sur la photo ci-dessous, immense salle de 60 mètres de hauteur. Les deux édifices, édifiés à la gloire des Médicis, en sont également leur lieu de sépulture. Elles furent construites entre le XVIème et le XVIIème siècle. Avant cette date, les funérailles avaient lieu dans la sacristie de San Lorenzo, ou "ancienne sacristie". Cosme de Médicis, dont nous avons beaucoup parlé depuis les début, est enterré dans la crypte souterraine de la basilique. Depuis lors, quasiment tous les membres de la famille furent enterrés ici.

chapelle des Princes Médicis Florence
Vue extérieure de la chapelle des Princes.
chapelle des Princes Médicis Florence
Vue d'ensemble de la chapelle des Princes

L'immense octogone mesure 28 mètres de large et est surmonté d'un dôme s'élevant à 59 mètres,  en faisant donc le deuxième plus haut après celui du Dôme. Cette spectaculaire chapelle  fut édifiée au XVIIème siècle. De nombreuses incrustations dans les murs donnent  un côté scintillant à l'ensemble, mais j'ai trouvé ça assez froid tout de même (en même temps  c'est un immense tombeau...). On a inséré de la nacre, des lapis-lazuli... Tout autour,  sarcophages des membres de la famille, qui sont tous... vides, car les restes des héritiers sont  en fait stockés dans de simples espaces derrière les murs. 

Coupole de la chapelle avec un cycle de fresques qui ne sont que du XIXème siècle. 


La visite vaut surtout pour la Nouvelle sacristie, réalisée par Michel-Ange, qui prit ici la double casquette d'architecte et de sculpteur. Il fut choisi pour prolonger la basilique San Lorenzo et offrir un nouvel espace à la hauteur de la famille Médicis. Ce travail a été un vrai chemin de croix pour l'artiste, il faut bien le dire, car ses nombreux aller-retour à Rome ont considérablement ralenti les travaux. C'est que là-bas, le pape Jules II exigeait de lui un tombeau majestueux ! Finalement, après onze ans de travail acharné, l'artiste quittera Florence laissant la chapelle inachevée. 

Un tombeau de la chapelle des Princes
Madone Médicis,
La Madone Médicis, d'une hauteur de 2,26 mètres, fut une des premières figures achevées dans la Sacristie.
Notez la grande torsion de la tête de l'enfant, qui la cache du regard des spectateurs. 
A droite de la Vierge, Saint Cosme, à gauche Saint Damien.


l'Aurore, une des quatre allégories des Parties du jour, située sur le sarcophage de Laurent de Médicis.


le Crépuscule, également sur le tombeau de Laurent. 


Tombe de Julien de Médicis : son portrait au centre, la Nuit à gauche ; le Jour à droite.


la Nuit. 


Eglise Orsanmichele

A l'origine loggia pour le marché aux grains, elle fut sur le tard transformée en église au rez-de-chaussée. L'extérieur est très travaillé, avec de grandes fenêtres gothiques ornées d'entrelacs (photo ci-dessous à droite). Sur chaque pilier entre deux fenêtres se trouvent les célèbres niches contenant les statues des saints patrons des corporations de métiers, avec des oeuvres des sculpteurs les plus célèbres de Florence. 

Ruelle conduisant vers l'église Orsanmichele que l'on aperçoit en arrière-plan. 
église Orsanmichele Florence
Façade extérieure : admirez le travail ciselé des fenêtres, les fameuses niches et les armoiries en rond : ici celle de Florence
de Luca della Robbia. 


Statue de Saint Marc, par Donatello, 1411, représenté comme un ancien philosophe


Incrédulité de Saint Thomas, Verrochio, 1466

L'intérieur de l'église est spectaculaire, avec de nombreuses fresques du XIVème siècle redécouvertes lors de restaurations au XIXème. Il y en a partout, des piliers aux voûtes. Sur ces dernières, les artistes ont représenté des personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament. 

Orsanmichele Florence
Vue d'ensemble de l'église avec l'autel et son groupe en marbre, à gauche, représentant Sainte Anne avec une Vierge à l'enfant. A droite, caché derrière le pilier, le somptueux tabernacle d'Orcana.

Orsanmichele Florence
Voici l'incroyable tabernacle d'Andrea Orcagna, réalisé entre 1349 et 1359 avec au centre la Vierge et l'enfant avec anges de Bernardo Daddi (1347). Ce tabernacle est incrusté de marbres colorés, lapis-lazuli et mosaïques d'or magnifiquement décorées de formes géométriques. Quel boulot ! 

Vierge à l'enfant - Bernardo Daddi
Vierge à l'enfant - Bernardo Daddi
Arrière du tabernacle : Ascension de la Vierge en haut, Dormition (mort) de la Vierge en bas.



Musée des Offices

Le musée des Offices est de loin le plus célèbre de la ville, et un des plus connus au monde, grâce notamment à sa collection de toiles de Botticelli et de Raphaël. Le noyau des oeuvres vient de la famille Médicis, et ensuite il y a eu de nombreux legs. On peut y admirer des peintures allant du XIIème au XVIIIème siècle. Le bâtiment qui abrite tous ces chefs-d'oeuvres fut édifié au XVIème siècle, en deux longues galeries parallèles qui se rejoignent en "U". 

galerie des Offices
Galerie dans les Offices. 

galerie des Offices
Galerie.
galerie des Offices
Vue des deux galeries parallèles.

bataille de San Romano
La bataille de San Romano est une des oeuvres les plus célèbres de Paolo Uccello. Peinte en 1438, c'est malheureusement un triptyque aujourd'hui réparti en 3 musées : Londres, Paris et Florence ! La peinture raconte un épisode historique, la bataille entre Florence et Sienne à San Romano en 1432. Les Siennois, bien que supérieurs en nombre, perdent. Le triptyque, appartenant à la famille Médicis, a été séparé car on pensait que les trois toiles se ressemblaient un peu trop, et deux furent vendues au XIXème siècle. La scène de bataille occupe le premier plan, avec les deux armées alignées et l'oeil du spectateur focalisé sur le cheval blanc du commandant siennois qui est sur le point de tomber, désarçonné par la lance florentine. Derrière lui, deux chevaux sont vus de derrière, dont un en train de ruer, peut-être un signe de la fuite à venir. A l'arrière-plan, une scène de chasse se déroule : des jeunes chassent à l'arbalète, et un lièvre est poursuivi par un lévrier, lui-même poursuivi par un lièvre.

Piero della Francesca - Double portrait des ducs d'Urbino
Piero della Francesca - Double portrait des ducs d'Urbino - 1467. Portrait parmi les plus célèbres de la Renaissance, ces deux tableaux étaient reliés dans un seul cadre à l'époque. Les souverains sont représentés de profil, comme dans une médaille, baignant dans une lumière vive devant un lointain paysage s'étendant à perte de vue. La perspective est magnifiquement maîtrisée. A gauche, Battista Sforza a la peau très claire, comme de coutume à l'époque : la pâleur du visage était synonyme de noblesse, une peau mate était pour les paysans qui travaillaient dehors au soleil ! Le front est très haut, là encore selon la mode de l'époque avec la racine des cheveux repoussée au maximum (on rasait les cheveux à la bougie). Les bijoux sont mis en valeur et brillent de mille feux. A droite, Federico da Montefeltro a une puissante silhouette, vêtu de sa robe rouge et de son chapeau. Son regard est lointain. Son nez crochu a été cassé lors d'un accident de tournoi à cheval durant lequel le duc a également perdu son oeil droit (il est depuis toujours représenté sous le profil gauche). 

Léonard de Vinci - Annonciation - 1472.
Léonard de Vinci - Annonciation - 1472. Célèbre oeuvre du maître, cette toile ne fut trouvée qu'en 1878 dans une petite ville du sud de Florence, Monte Oliveto. Contrairement à la tradition, Léonard place la scène non pas dans un décor fermé ou une loggia mais à l'extérieur. Un muret délimite le jardin mais avec une ouverture. Les fleurs sont très variées, Léonard a voulu montrer la puissance et la richesse de la création divine. La position de l'Ange est très classique, avec ses ailes déployées. La main gauche de Marie est levée en signe d'acceptation. 

Raphaël - Vierge au chardonneret - 1506.
Raphaël - Vierge au chardonneret - 1506. Placée dans un large paysage fluvial, la Vierge est assise sur un rocher, tenant l'enfant Jésus entre ses jambes, tandis que Saint Jean est à gauche. Les deux jouent avec un oiseau, un chardonneret, ce qui symbolise la Passion du Christ. Les deux couleurs bleue et rouge des vêtements de la Vierge sont vives, le bleu pour l'Eglise, le rouge pour la Passion du Christ. 

Botticelli - Printemps - 1482
Botticelli - Printemps - 1482 : une des toiles les plus célèbres au monde, et fierté du musée, ce Printemps allégorique fut réalisé pour un cousin de Laurent le Magnifique. Le spectateur est emporté dans un bosquet ombragé empli d'orangers sur fond de ciel bleu. Il y a neuf personnages au total, qui entourent la femme au centre. Le sol est parsemé de nombreuses espèces végétales, très travaillées. Même si le sens général de la toile n'est pas encore bien connu, Vasari a très tôt donné des indications sur l'identité des personnages. Nous sommes dans le jardin des Hespérides, et la scène se lit de droite à gauche : Zephyr, en bleu, un vent du printemps, fait ployer les arbres tout en kidnappant la nymphe Chloris, la rendant enceinte (ventre arrondi) : de cette union, elle renaît en Flore, le personnage suivant, la personnification même du printemps, habillée d'une robe fleurie ; Flore jette au sol de nombreuses inflorescences. Le passage de Chloris à Flore se comprend avec les fleurs qui commencent à sortir de la bouche de Chloris. Au centre, Vénus mène la ronde avec un regard bienveillant. Son fils Cupidon vole au-dessus d'elle. A gauche, enfin, les trois Grâces sont engagées dans une danse harmonieuse, entrelaçant leurs doigts. Complétant le tableau, Mercure, désintéressé, chasse de son caducée les nuages de la scène. 
Pour la signification de tout cela, c'est plus compliqué, car évidemment, il faut comprendre la toile non pas comme une peinture mythologique, mais allégorique, voire politique. 

la Naissance de Vénus, Botticelli
Là encore célébrissime, la Naissance de Vénus, Botticelli, 1482. Tout comme le David de Michel-Ange a toujours représenté une sorte d'idéal masculin, cette Vénus le fut pour la figure féminine. Le mythe de la naissance de la déesse de l'amour vient d'Hésiode, et est abondamment repris ensuite, de Lucrèce à Ovide. Vénus avance flottant sur un coquillage le long de la surface de la mer, nue comme une statue grecque. Le coquillage est poussé par le souffle de Zéphyr, à gauche, qui enveloppe de ses bras un personnage féminin, symbolisant l'amour physique. A droite, sur le rivage, l'une des Heures qui préside aux changements de saisons, et notamment le printemps, présente à la déesse une riche robe décorée de fleurs et de guirlandes. 

Titien - Vénus d'Urbino - 1538
Titien - Vénus d'Urbino - 1538  - Encore une Vénus, mais transposée ici dans un environnement domestique moderne. La déesse, nue et sensuelle, est allongée sur un lit, reposant son torse et son bras sur deux coussins, tout en regardant le spectateur. De la main droite, elle laisse tomber des roses rouges. Il s'agit là d'un message sur le temps qui passe : les roses fanent, et la vieillesse fait disparaître la beauté, d'où l'importance de fonder son existence sur d'autres qualités, comme la loyauté. A ses pieds dort un petit chien roulé en boule : il est le symbole de cette loyauté et fidélité. A l'arrière-plan, le rideau s'ouvre sur une pièce au sol carrelé, dans laquelle deux servantes fouillent une grande boîte dans laquelle se trouvent les vêtements de la déesse. Le tableau se veut comme un modèle éducatif destiné au duché d'Urbino. 



Simone Martini - Annonciation - 1333
Simone Martini - Annonciation - 1333


Giottino - Lamentation sur le Christ mort
Giotto - Madone de tous les Saints - 1310
Giotto - Madone de tous les Saints - 1310
Fra Filippo Lippi - Vierge à l'enfant avec deux anges - 1465
Fra Filippo Lippi - Vierge à l'enfant avec deux anges - 1465


Mantegna - Triptyque de la vie du Christ - 1463
Mantegna - Triptyque de la vie du Christ - 1463


Léonard de Vinci - Adoration des mages - 1481
Léonard de Vinci - Adoration des mages - 1481


Raphaël - Portraits d'Agnolo Doni et Madeleine Strozzi - 1504
Raphaël - Portraits d'Agnolo Doni et Madeleine Strozzi - 1504


Michel-Ange - Tondo Doni - 1505
Michel-Ange - Tondo Doni - 1505
Cranach l'Ancien - Adam et Eve - 1528
Cranach l'Ancien - Adam et Eve - 1528
Botticelli - Pallas et le Centaure - 1482
Botticelli - Pallas et le Centaure - 1482
Botticelli - Madone et enfant - 1468
Botticelli - Madone et enfant - 1468
Botticelli - la madone du Magnificat - 1481
Botticelli - la Madone du Magnificat - 1481
Tintoret - Leda et le cygne - 1550
Tintoret - Leda et le cygne - 1550
Caravage - Bacchus - 1590
Caravage - Bacchus - 1590
Caravage - Méduse - 1597
Caravage - Méduse - 1597
Rembrandt - Autoportrait jeune - 1634
Rembrandt - Autoportrait jeune - 1634
Ecole de Fontainebleau - Gabrielle d'Estrée et une de ses soeurs - 1595
Ecole de Fontainebleau - Gabrielle d'Estrée et une de ses soeurs - 1595
Rembrandt - Portrait d'un vieil homme - 1665
Rembrandt - Portrait d'un vieil homme - 1665



Musée de l'Académie


Ce célèbre musée florentin présente le plus grand nombre de sculptures de Michel-Ange au monde, sept. C'est en 1872 qu'un tournant dans l'histoire de ce musée arriva, lorsqu'il fut décidé de transférer le David depuis la Place de la Seigneurie. On le déplaça dans un charriot de bois et il resta neuf ans dedans, en attendant que soit achevée la tribune pour l'accueillir. 

Tout le monde vient pour lui, on ne va pas se cacher... d'ailleurs le reste du musée est assez inégal, il faut bien le reconnaître. Le David de Michel-Ange est une oeuvre absolument remarquable, peut-être la statue de la Renaissance la plus célèbre. Et il faut dire que la gloire n'est pas usurpée ! On a beau connaître par coeur cette oeuvre, copiée et recopiée partout dans le monde, la voir en vrai vous laissera un souvenir impérissable. Sans mauvais jeu de mot, c'est une sculpture qui ne laissera personne de marbre... Sortir une telle statue d'un morceau de roche... c'est juste hallucinant ! 

La commande fut passée au maître en 1501, afin que la statue soit placée sur un contrefort extérieur de l'abside de la cathédrale. Il accepte le défi malgré le bloc de marbre friable qui lui est proposé. Il lui fallut trois ans pour créer une des oeuvres les plus célèbres au monde. Finalement la statue n'a pas rejoint la cathédrale mais la place de la Seigneurie. Le succès a été immédiat. La statue est vite devenue le symbole de la Renaissance. 

David - Michel-Ange - 1501
David - Michel-Ange - 1501-1504


David est prêt à combattre. Il se prépare en effet à affronter Goliath, le géant philistin ; dans sa main droite, il tient la pierre avec laquelle il vaincra son ennemi peu de temps après. Le regard fier est tourné vers l'ennemi. Les yeux, magnifiquement travaillés, sont pénétrants. Tout le poids du héros est placé sur la jambe droite, afin d'épargner la partie opposée du bloc de marbre, bien plus fragile. Le corps est athlétique, et Michel-Ange s'est attaché aux moindres détails anatomiques : torsion du cou, structure des tendons, veines, muscles... incroyable ! 

David - Michel-Ange - 1501



David - Michel-Ange - 1501


David - Michel-Ange - 1501


David - Michel-Ange - 1501


David - Michel-Ange - 1501

Une fois remis de ses émotions, il faut aller voir les autres oeuvres d'importance du musée, qui possède d'autres sculptures de premier ordre. 

Enlèvement des Sabines, Giambologna - 1582. Il s'agit du modèle en plâtre de la magnifique statue en marbre de la loge des Lanzi. 



Michel-Ange - Esclave qui se réveille - 1525.


Michel-Ange - jeune esclave - 1525
Michel-Ange - jeune esclave - 1525


Michel-Ange - Esclave barbu - 1525
Michel-Ange - Esclave barbu - 1525, projet pour la tombe de Jules II à Rome.


Michel-Ange - Pieta de Palestrina - 1555
Michel-Ange - Pieta de Palestrina - 1555


Musée du Dôme


Une petite visite au musée de la cathédrale vous permettra d'aller admirer les portes originales du baptistère, dont nous avons parlé plus haut. 

Porte Sud - Andrea Pisano
Porte Est (porte du Paradis) - Lorenzo Ghiberti
Porte Nord, Lorenzo Ghiberti

Détail porte du Paradis - Episode de Josué


Une des pièces les plus spectaculaires du musée est l'autel en argent du baptistère de San Giovanni, réalisé à partir du XIVème siècle. Juste hallucinant : 400 kilos d'argent massif ont été utilisés pour ce chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie gothico-Renaissance. 

autel en argent du baptistère de San Giovanni
autel du baptistère

autel en argent du baptistère de San Giovanni
autel : détail du centre avec Saint Jean Baptiste
autel en argent du baptistère de San Giovanni
autel

Ci-dessous, trois autres statues d'importance : 
- à gauche, Donatello, Madeleine pénitente. Représentée dans la vieillesse, les joues creusées par un jeûne long et de nombreuses privations, Madeleine est débarrassée de presque tous les attributs iconographiques traditionnels, comme le crâne ou la croix. Le visage est évidé, les yeux enfoncés dans les orbites. Les cheveux sont tirés et retombent sur le corps comme un vêtement macabre. Les mains sont disposées en position de prière, mais elles ne se touchent pas. En la regardant dans les yeux, on peut y voir de nombreux sentiments de l'âme humaine, comme la fatigue, la douleur. 

- au centre, Donatello, prophète Habacuc, qui était placé sur le campanile de Giotto. L'homme est chauve, d'une minceur ascétique, drapé dans une longue tunique qui tombe sur son épaule gauche. La bouche est entrouverte et les yeux creux et profonds.Le regard est tourné vers les spectateurs, loin en bas (la statue était dans une haute niche).

- à droite, Michel-Ange, Pieta Bandini. Une des dernières oeuvres de l'artiste, il la commença âgé alors de 75 ans, fatigué et usé par sa longue carrière. C'est sans doute pour son propre tombeau qu'il la réalise, qu'il aurait voulu placer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome. Sa sculpture est inachevée après que la pierre se soit brisée au niveau du Christ. C'est le serviteur de Michel-Ange qui le pria de ne pas la briser et de la lui donner, afin de la restaurer. Malgré cela, Jésus ne possède pas de jambe gauche. Les quatre personnages sont les suivants : Nicodème porte le corps de Jésus, aidé par la Vierge avec Marie-Madeleine à gauche. Avec Nicodème, Michel-Ange réalise un autoportrait, se représentant lui-même en vieillard.

Donatello - Madeleine pénitente - 1453
Donatello - Madeleine pénitente - 1453, en bois doré
Donatello - prophète Habacuc, 1423
Donatello - prophète Habacuc, 1423
Michel-Ange - Pieta Bandini, 1547-1555
Michel-Ange - Pieta Bandini, 1547-1555



Musée du Bargello


Terminons cette visite de Florence par un musée magnifique, celui que personnellement j'ai préféré, ne serait-ce que pour la beauté du bâtiment qui abrite la collection de sculptures : le Bargello. Et quelle collection ! Michel-Ange, Donatello, Giambologna... un régal ! Avant d'être un musée, le Bargello, érigé au XIIIème siècle, fut un palais. Puis sous les Médicis il devint le siège du Conseil de Justice. Il fut par ailleurs, et durant trois siècles, une prison. C'est en 1865 que le musée fut inauguré. Tout s'organise autour d'une cour avec son portique sur trois côtés, avec des arcs ronds reposant sur des piliers octogonaux. Les salles présentant les collections, de style gothique, sont vraiment superbes.

Musée du Bargello - cour intérieure
Musée du Bargello - cour intérieure

Musée du Bargello - cour intérieure
Musée du Bargello - cour intérieure
Musée du Bargello - cour intérieure
Musée du Bargello - cour intérieure

La salle possédant le plus de chefs-d'oeuvres est au rez-de-chaussée : la salle Michel-Ange. C'est bien simple, on passe de sculptures magnifiques à d'autres sculptures magnifiques.

Cellini - Base de la statue de Persée
Giambologna - Victoire de Florence sur Pise
Giambologna - Bacchus

Michel-Ange - Apollino
Cellini - Ganymède

Cellini - Narcisse

Michel-Ange - Portrait de Brutus
Cellini - Apollon et Hyacinthe
Giambologna - Mercure volant
Michel-Ange - Bacchus
Donatello - David


Donatello - David

Donatello - Amour Attis

une salle à l'étage

Giambologna - l'Architecture

Galerie au-dessus de la cour

Giambologna - les oiseaux

Salle au premier étage

Salle du premier étage

Salle de Michel-Ange

Michel-Ange - Tondo Pitti

Cellini - Persée libère Andromède

Cellini - Buste de Cosme Ier






[full_width]
Italie- Florence, capitale des Arts Italie- Florence, capitale des Arts Reviewed by RENOULT on 21 mars Rating: 5

Aucun commentaire: